Le Maroc expérimente la démocratie participative
Longtemps au Maroc, les autorités locales ont été désignées par le pouvoir central. Ils n’avaient de comptes à rendre qu’au palais, au roi et à son entourage. Ces notables, arrosaient de cadeaux les chefs de villages, quelques semaines avec les échéances électorales.
Doté d’une nouvelle constitution depuis 2011, le Maroc s’est lancé dans une politique de régionalisation avancée. Cette décentralisation s’appuie sur des collectivités locales élues, et la consultation des citoyens. Après les printemps arabes, cette écoute de la population, contribue à la stabilité du pays.
La décentralisation part du principe que les élus locaux, sont plus proches de la population, plus à l’écoute.
«Vu la complexité des problèmes à régler, si on ne s’appuie pas sur les capacités des populations à prendre en main leur destin, à faire des propositions qu’elles veulent porter elles-mêmes, il n’y a aucune chance d’y arriver», affirmait Gustave Massiah lors du Sommet Africités qui s’est tenu à Johannesburg en décembre 2015.
Le coaching : un outil d’élaboration des politiques locales
Sachant que cette participation citoyenne ne se décrète pas, elle nécessite un apprentissage. Des étudiants formés durant deux ans au coaching sillonnent donc actuellement les villages de l’oriental. Leurs mission écouter, renouer les liens, libérer la parole, désamorcer les conflits, effacer des années de méfiance, liées à la corruption et à la mal gouvernance.
« Le coaching territorial consiste à parcourir les villages, réunir les acteurs (organisations paysannes, associations, syndicats…), afin de trouver des solutions à partir du terrain, construire des propositions, en partant du local», affirme Gautier Brygo, directeur du programme « coaching international» au Maroc.
«Le coach est un facilitateur, il doit favoriser le dialogue entre les acteurs, rééquilibrer le pouvoir de la parole entre ceux qui osent et ceux qui n’osent pas parler. Il doit aider à prioriser les projets, à les accompagner.»
Sécurité, lutte contre pauvreté, lutte contre la corruption sur toutes ces questions la participation de la population est essentielle.
«Dans l’entretien d’un marché, d’une école ou d’un centre de santé, la participation des usagers est une aide de poids. Elle contribue fortement à réduire les dépenses publique», affirme un élu local de la région d’Oujda.
«Dans le passé on à fait des choses pour les gens, maintenant il faut les faire avec les gens», renchérit Jean Pierre Elong M’Bassi, président de CGLUA (Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique).
La démocratie participative est la condition de la réussite.
«Les projets qui échouent sont dûs à la méfiance. Quand la population doit établir elle-même des priorités, faire des choix, dire par quoi commencer, eau, électricité, santé, éducation, elle se rend compte de la difficulté de trancher, de décider. Elle comprend mieux les insuffisances des élus et la difficulté du pouvoir.» affirmait un coach lors des assises ditoyennes qui se sont déroulés début juin à Oujda.
« Cela responsabilise également les élus qui doivent répondre aux besoins exprimées par leur population».
« La démocratie ce n’est pas seulement le temps des élections, mais un dialogue permanent avec la société civile, pour avancer plus efficacement et que les projets soient mieux acceptés par la population» lançait, à la tribune Mohamed M’Barki, Directeur de l’agence de l’Oriental.
Cette vision est à l’ordre du jour dans toute l‘Afrique : il faut passer d’une gestion monopolisé par l’Etat, à une gestion décentralisée, au plus près du terrain.
Le Sénégal interessé par l'expérience
Ce coaching territorial sera prochainement répliqué au Sénégal, dans la région de Kaolack.
l’idée reste la même «le développement à la base ne peut plus se faire sans l’implication active de tous les acteurs» affirme Baba Ndiaye, président du conseil départemental de kaolack. «le coaching territorial, est un outil d’élaboration des politiques locales. La démocratie participative, la condition de la réussite.» Les collectivités locales d’Afrique gèrent aujourd’hui moins de 10% des budgets publics, contre 60% en Europe.
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