Le discours de Mme Clinton sur internet jeudi, critiquant la censure, est "préjudiciable" aux relations bilatérales
"Nous nous opposons fermement à ces déclarations et actes qui vont à l'encontre des faits et sont préjudiciables aux relations sino-US", a réagi vendredi le ministère chinois des Affaires étrangères.
La chef US de la Diplomatie a érigé les USA en gardiens de la liberté d'expression sur internet et invité les entreprises à refuser la censure.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé des attaques infondées, assurant que la politique de Pékin concernant internet est tout à fait légale et conforme aux pratiques internationales.
Cette passe-d'armes entre la Chine et les Etats-Unis survient alors que Google vient d'accuser Pékin d'avoir lancé des attaques informatiques contre lui.
"J'espère que le refus de soutenir la censure politique va devenir une caractéristique des entreprises américaines dans le secteur des technologies" et "je voudrais que cela devienne comme une marque nationale", a déclaré la secrétaire d'Etat US dans un discours sur l'internet et les libertés jeudi.
Selon Hillary Clinton, "le secteur privé partage la responsabilité d'aider à la sauvegarde de la liberté d'expression. Et quand les contrats menacent cette liberté, les entreprises doivent réfléchir à ce qui est juste, pas seulement à la perspective de profits rapides".
Mme Clinton, qui s'exprimait au musée des médias de Washington, a annoncé une réunion avec les entreprises en février au département d'Etat. La chef de la diplomatie américaine soutiendra à cette occasion "l'engagement responsable des entreprises en faveur de la liberté de l'information".
Washington réclame à Pékin "une enquête" sur les attaques contre Google
Elle a aussi réclamé aux autorités chinoises "une enquête minutieuse sur les intrusions informatiques" contre Google, le géant américain de l'internet, et une vingtaine d'autres entreprises. Google menace de mettre fin à sa présence en Chine, après avoir dénoncé le 12 janvier des cyberattaques venant de ce pays.
L'entreprise, qui avait accepté de censurer les résultats de son moteur de recherche pour accéder à ce marché de 350 millions d'internautes, affirme désormais que son portail chinois google.cn livrera des résultats non filtrés.
Pékin a estimé jeudi qu'il ne fallait pas "exagérer" l'affaire Google, ni la lier aux relations sino-américaines. Le gouvernement américain, de son côté, n'a pas émis de protestation formelle depuis le début de l'affaire.
Les "personnes et les pays qui lancent des cyberattaques devront en subir les conséquences", a pourtant prévenu jeudi la chef de la diplomatie américaine. Selon elle, les Etats-Unis ont la "responsabilité", en tant que "berceau" d'internet, de s'assurer de son libre fonctionnement. Quant aux Etats, qui restreignent le libre accès à l'information et enfreignent "les droits fondamentaux des utilisateurs de l'internet", a-t-elle dit, "ils risquent de s'écarter d'eux-mêmes des progrès du XXIe siècle".
La défense des libertés sur l'internet était déjà au programme de la première visite en Chine du président américain Barack Obama, en novembre 2009. Le 16 janvier, Washington avait également protesté contre l'arrestation en Egypte de blogueurs témoignant leur solidarité aux chrétiens coptes tués le 6 janvier.
Et en juin 2009, le département d'Etat était intervenu auprès du site de socialisation Twitter pour empêcher une coupure du réseau en Iran, estimant que celui-ci représentait un outil de communication important pour les Iraniens protestant contre la réélection du président conservateur Mahmoud Ahmadinejad.
Hillary Clinton a aussi souligné jeudi le rôle de l'internet comme un outil de développement économique et social puissant, qui favorise l'égalité des chances dans les pays pauvres et "crée des opportunités là où il n'y en a aucune".
La diplomatie américaine va engager 15 millions de dollars dans la promotion des libertés sur internet et favoriser l'accès des femmes au réseau. Ces subsides bénéficieront aux ONG, ainsi qu'à des projets pilotes, en particulier au Proche et Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
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