La longue marche pour voir le corps de Mandela
"Je savais dans mon cœur qu'il était parti mais je ne voulais pas y croire. Maintenant, je sais qu'il est mort parce que je l'ai vu de mes propres yeux ." Joseph vient de descendre de l'esplanade de l'Union buildings, le siège du gouvernement sud-Africain. C'est là que Nelson Mandela avait été investi président et c'est là que son corps est exposé.
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Sous la grande arche blanche installée pour l'occasion, des centaines de personnes défilent le long du cercueil avec juste le temps de jeter un coup d'œil sur le visage du prix Nobel de la Paix.
Joseph est "triste comme si j'avais perdu mon père, mais je suis aussi soulagé ". Pour lui comme beaucoup d'autres, Nelson Mandela était une image que l'on voit surtout à la télévision.
Plusieurs heures d'attente
"C'est la première fois que je le vois vraiment, physiquement. J'en avais besoin pour me dire que c'était un homme après tout ", explique Daniel venu de la région du Cap pour l'occasion. Un peu plus loin, une femme enceinte se repose à l'ombre, elle ne veut pas parler "pour ne pas pleurer ". Plusieurs milliers de sud-Africains attendaient ce moment depuis l'aube.
Mais malgré plusieurs heures d'attente, tous n'ont pas réussi à voir "Madiba".
Car pour arriver jusqu'au cercueil de Nelson Mandela, "c'est un long chemin vers la liberté ", plaisante l'un des très nombreux policiers postés devant le siège du gouvernement. Ou plutôt un calvaire.
Pour y arriver, il fallait d'abord prendre l'un des cars réquisitionnés pour l'occasion. Après souvent plusieurs heures d'attente, les visiteurs ont été acheminés sur l'une des trois zones dédiées à la fouille.
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Une chaleur étouffante
James et Joseph se sont ainsi retrouvés sur le vaste terrain du Pretoria Show ground, un centre d'exposition en plein air à six kilomètres du cercueil. L'interminable attente commence alors.
Dans un couloir de grillage large d'une dizaine de mètres, des centaines de personnes ont tenté de se protéger d'un lourd soleil.
"Je n'en peux plus ", lâche Ditholo, l'un des visiteurs adossé aux grilles depuis bientôt quatre heures. Une vieille femme ne se sent pas bien et est emmenée sur une chaise à l'ombre. Des vendeurs de glace et d'eau vendent à tour de bras.
"La nourriture et la boisson n'ont pas été prévues. Les gens sont en train de devenir fous et ça risque de mal tourner ", regrette Linda Molombo, l'une des quinze bénévoles du service de sécurité de l'ANC, le parti au pouvoir, chargé de contenir la foule.
Les quelques policiers et militaires présents interviennent pour tenter de calmer les esprits.
"Il a attendu 27 ans de prison, je peux attendre 24h de plus" (Peter)
Car, entre les grilles, on a compris : personne derrière le cordon de sécurité ne verra le visage de Nelson Mandela aujourd'hui. "Je me sens mal, je me sens volé. J'ai sacrifié un jour de travail pour venir le voir, je ne peux pas me permettre d'en sacrifier un autre ", regrette Ditholo. Peter, lui reviendra ce jeudi pour tenter à nouveau sa chance de voir "mon président ". "Il a attendu 27 ans prison pour nous, je peux encore attendre 24 heures ", conclut-il.
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