La fin de la longue marche de Nelson Mandela
Comme à Soweto lors de la cérémonie officielle au Soccer
city, comme à Pretoria lorsque le corps de Nelson Mandela était exposé au
public , il n'y a pas eu de pleurs et très peu de tristesse ce samedi après-midi
le long des 36 kilomètres qui séparent l'aéroport de Mthatha de Qunu, le
village d'enfance de "Madiba". "Nous ne pleurons pas aujourd'hui. Nous sommes là pour célébrer la vie de notre président ! ", lance Phumla.
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Pendant plusieurs heures, drapeaux
sud-africains à la main, maquillages tribaux sur le visage ou t-shirt à l'effigie
de Nelson Mandela, ils étaient des milliers à danser et à chanter.
Si la plupart des chants sont des "classiques" du
temps de l'apartheid ("Oliver Thembo, demande aux Blancs de libérer
Mandela "), d'autres soulignent la dimension quasi mystique de Nelson
Mandela en Afrique du Sud.
C'est le cas du gospel de ces jeunes filles, "Oh Madiba, viens voir comment nous souffrons ". Au bout d'une minute de chant, l'une d'elles se lance dans un discours improvisé "pour
dire au revoir à un homme d'honneur qui s'est levé pour sa nation et qui a dit
: mon peuple, voici le chemin vers le liberté. Que dieu lui ouvre les portes du
paradis ! "
Et puis le convoi est enfin arrivé avec son cortège
de motards et de voitures officielles. Instantanément, les centaines de
policiers et de militaires présents se mettent au garde à vous. Scène de liesse
dans la foule.
"On a chanté pour rien, c'est la vie"
Un passage rapide... trop rapide pour la plupart des
Sud-Africains présents. "On chante depuis des heures et des heures. On
croyait qu'au moins ils allaient arrêter la voiture pendant quelques minutes. On
voulait le voir, être sûr qu'il était bien arrivé chez lui, sur sa terre. C'est
triste. A croire qu'ils veulent nous cacher quelque chose. On a chanté pour
rien, c'est la vie ", se désespère Kumsa Philipps.
"Madiba nous appartient aussi"
Car c'était la dernière fois que les habitants de la terre
natale de Nelson Mandela pouvaient voir "leur père, leur icône, leur
compagnon et leur frère ", comme l'égrène James. Ce dimanche, la cérémonie
est réservée à 5.000 invités triés sur le volet et l'enterrement va se dérouler
dans la plus stricte intimité. "Nous comprenons la volonté de la famille de lui rendre un dernier hommage et nous la respectons. Mais Madiba nous appartient aussi, le peuple. Et nous voulions lui
dire adieu ", tempête Norma. Un peu
plus tôt, un chant improvisé monte dans la foule : "Qui peut nous empêcher
d'aller à Qunu ? ".
Nicholas regrette aussi de ne pas avoir eu "plus de
temps pour dire adieu à Madiba alors que je suis ici depuis 6 heures du matin.
C'est vraiment frustrant ".
Mais pour le jeune homme, l'important c'est que "Nelson
Mandela retrouve la terre qui l'a vu naître. On a eu peur qu'il soit enterré à
Johannesburg ou ailleurs. Mais il est enfin rentré se reposer chez lui. Nos
traditions sont respectées ".
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