L'ex-dirigeant communiste polonais, Wojciech Jaruzelski, est mort
L'homme fort de la Pologne communiste, le général Wojciech Jaruzelski, est décédé à l’âge de 90 ans, dimanche après-midi. "Je confirme que le général est mort. Il a passé ses derniers jours en soins intensifs" , a déclaré le porte-parole de l'hôpital militaire de Varsovie. L'ancien président polonais avait avoué qu'il souffrait d'un cancer des glandes lymphatiques en juillet 2011.
Personnage complexe, le front dégarni, de larges lunettes noires, l’allure rigide, le général Jaruzelski se plaisait à répéter : "Seule l'Histoire me rendra justice" .
Proclamation de la loi martiale en 1981
Né le 6 juillet 1923 à Kurow, dans l’est de la Pologne, Wojciech Jaruzelski adhère très tôt au communisme. À 17 ans, peu après le dépeçage de la Pologne par Hitler et Staline en 1939, il est déporté en Sibérie avec toute sa famille – son père va y périr. Il intègre pourtant l'armée polonaise constituée en URSS sous la tutelle de l'Armée rouge et gravit rapidement les échelons de la hiérarchie militaire, tout en poursuivant sa carrière au sein du parti communiste polonais.
Quelques mois après la naissance du syndicat indépendant du bloc soviétique Solidarnosc, mené par Lech Walesa, en 1980, le général J aruzelski prend la tête du parti et du gouvernement. Il cumule tous les pouvoirs lorsqu'il annonce, en décembre 1981, la proclamation de la loi martiale. Le syndicat Solidarité devient illégal et ses militants vont en prison.
En 2004, il demande pardon pour l'occupation de la Tchécoslovaquie
Une fois la loi martiale abrogée en 1987, l'étau se desserre. Le général est contraint de libéraliser le régime en Pologne, avec l'arrivée de la crise économique et de Mikhaïl Gorbatchev au pouvoir à Moscou. Il décide de négocier l'avenir du pays avec Solidarité, ce qui aboutit à la victoire du mouvement de Lech Walesa et à la chute du pouvoir communiste en été 1989, lors des élections législatives semi-démocratiques.
Après le sabordage du Parti ouvrier unifié polonais en 1990, le général Jaruzelski renonce à son poste de chef de l'Etat. Lech Walesa, son adversaire, est alors élu à la présidence. En 2004, il demande pardon pour l'occupation de la Tchécoslovaquie en 1968 par les troupes du pacte de Varsovie, dont celles de la Pologne.
"Un grand homme dans une autre époque"
Preuve de la complexité de Wojciech Jaruzelski, il approuve l’entrée de la Pologne à l’OTAN : "C'est peut-être paradoxal dans ma bouche, mais je suis très content de voir la Pologne dans l'Otan, qui est le garant de notre sécurité, et dans l'Union européenne qui est une énorme chance de développement" , confie-t-il en août 2005.
En 2010, il est officiellement accusé de "crime communiste" pour avoir imposé la loi martiale. Il risque dix ans de prison, mais son état de santé l'empêche d'assister dès 2011 à son procès.
"Il aurait été un grand homme s'il avait vécu à une autre époque. Mais il a fait partie d'une génération malheureuse" , a déclaré Lech Walesa.
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