L'élection se passe en un tour, et Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, fait figure d'archi-favori.
Paul Biya, 78 ans, a promis de consacrer le nouveau mandat qui se profile à peaufiner son héritage politique par de grands projets d'infrastructure et à désigner un successeur. Le scrutin intervient quelques semaines après une alternance politique sans accrocs en Zambie, preuve que l'Afrique peut connaître des changements pacifiques par les urnes.
La campagne électorale s'est terminée samedi soir dans une relative indifférence. "Cette élection présidentielle ne se soldera pas par une alternance parce qu'il apparaît que l'ensemble du dispositif a été organisé avec la perspective de reconduire le président sortant", analyse le politologue camerounais Mathias Nguini Owona.
Le leader de l'opposition John Fru Ndi du Social Democratic Front (SDF) - qui se présente pour la troisième fois - apparaît comme le seul véritable challenger de Paul Biya.
Le 29 septembre, des coups de feu ont été tirés sur le pont sur le Wouri à Douala pour exiger le départ de Paul Biya. Un tiers des 20 millions d'habitants n'a pas accès à l'eau potable et à l'électricité. Une personne sur quatre vit avec moins de 1,1 euro par jour. Le taux de croissance du pays - 3,2% en 2010- considéré comme un des pays les plus corrompus au monde, est le plus faible de la sous-région malgré des richesses minières.
Dans l'espoir de hisser son pays au niveau du Mexique ou de la Malaisie, Paul Biya s'est engagé dans une politique de grands travaux - routes, centrales électriques, ports en eau profonde. "A partir de 2012, le Cameroun sera transformé en un immense chantier", a-t-il dit en se référant à des projets hydroélectriques, à une centrale à gaz et à des centres de raffinage pétrolier. Des médias et des opposants ont taxé de gouvernance laxiste favorisant corruption et népotisme. Le FMI a estimé que la prévision de croissance de 3,8% du Cameroun pour cette année était au-dessous de son potentiel.
Dans un contexte très tendu, les mesures de sécurité ont notamment été renforcées à Yaoundé et Douala (sud), la capitale économique.
En février 2008, la police et l'armée avaient réprimé des émeutes contre la vie chère et le projet de suppression de la limitation du nombre de mandats présidentiels, finalement voté pour permettre à M. Biya de se présenter. Ces émeutes avaient fait officiellement 40 morts et au moins 139 tués, selon des ONG.
Le président sortant a pour adversaires 22 candidats d'opposition, parmi lesquels figurent son challenger John Fru Ndi, du Social Democratif Front (SDF), et Adamou Ndam Njoya, président de l'Union démocratique du Cameroun (UDC).
La Cour suprême dispose d'un délai maximum de 15 jours pour proclamer les résultats. L'opposition accuse M. Biya d'avoir verrouillé le système électoral à son avantage. Plus de 6.000 structures d'observations des élections et près de 600 journalistes ont été accrédités pour le scrutin.
Le Cameroun compte environ 7,3 millions d'électeurs inscrits. Ils étaient cinq millions lors du scrutin de 2004 que Paul Biya avait remporté avec 70,92% des voix contre 17,40% à John Fru Ndi.
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