Les chrétiens du Japon cités en exemple par le pape François
Devant 20.000 fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre, Jorge Mario Bergoglio s’est notamment adressé aux «frères et sœurs de langue arabe», les encourageant à prendre exemple sur «l’Eglise japonaise qui s’était repliée dans la clandestinité au XVIIe siècle pendant près de deux siècles et demi».
Ces chrétiens, qui ne représentent que 1% de la population nippone, ont su «transmettre d’une génération à l’autre la flamme toujours vive de la foi», a souligné François. Au Japon, a-t-il raconté, «alors que tous les prêtres étaient déportés et que des milliers de croyants étaient tués, les chrétiens continuaient à se rassembler en secret».
«Quand un enfant naissait, le papa et la maman le baptisaient, car nous pouvons tous baptiser», a-t-il souligné. Un sacrement auquel François accorde une extrême importance et qu'il explique aux fidèles dans un cycle de catéchèses étalé sur plusieurs mois.
Une Eglise florissante
Avec plus de 300.000 fidèles au début du XVIIe siècle, les Japonais représentaient la plus grande communauté chrétienne d’Asie. Malgré les campagnes antichrétiennes, de la fin du XVIe au XIXe siècle, la tradition chrétienne a continué à se transmettre oralement, de génération en génération, durant plus de deux siècles. Jusqu’à ce qu’en 1873, sous la pression des puissances occidentales, la liberté des cultes soit rétablie.
Quand au milieu du XIXe siècle les missionnaires revinrent au Japon, «des milliers de croyants» sont sortis de l'ombre et «les missionnaires ont découvert une Eglise florissante», a poursuivi le Saint-Père.
Persécutées hier, ces communautés de «chrétiens cachés» (kakure kirishitan) continuent aujourd'hui à pratiquer secrètement leur culte. Pour trouver de petites communautés qui vénèrent encore le «Dieu du débarras», ainsi sommé parce qu'il était honoré clandestinement au fond des maisons, il faut aller sur l'archipel de Goto (à l'ouest de Nagasaki), et sur les îles Hirado et Ikitsuki (au nord de Nagasaki). Là, près de 10% de la population est catholique.
Un catholicisme pittoresque
Mais près de trois siècles de pratique dans l’ombre et coupée de ses racines ont débouché sur une forme de culte original, un catholicisme pittoresque mêlé de bouddhisme, aujourd’hui menacé de disparition.
Pour dénoncer les persécutions et discriminations antichrétiennes, le pape argentin avait notamment appelé à prier le 26 décembre 2013, jour de la Saint-Etienne, premier martyr de la chrétienté.
Ces persécutions ont augmenté en 2013, selon l’Index mondial de la persécution, classement annuel des 50 pays les plus touchés par le problème. La Corée du Nord, la Somalie, l'Afghanistan, les Maldives, l'Arabie Saoudite, le Yémen, l'Iran, la Libye, l'Ouzbékistan, le Qatar, la Syrie, l'Irak, le Pakistan, la Centrafrique, l'Egypte, la Birmanie, la Colombie, l'Erythrée, le Soudan sont épinglés à divers titres par le rapport, selon l'association Portes ouvertes.
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