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Vidéo Japon : jugées "impures", des femmes secouristes chassées d'une arène de sumo

L'arène est considérée comme un lieu sacré et les femmes, jugées "impures", en sont bannies. Le responsable de l'Association de sumo a formulé de "sincères excuses" dans un communiqué. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le yokozuna Kisenosato Yutaka lors d'une compétition de sumo à Tokyo (Japon), le 18 janvier 2018. (KOJI ITO / YOMIURI / AFP)

A Maizuru, dans la région de Kyoto (Japon), lors d'une compétition de sumo, des femmes secouristes ont été appelées à quitter l'arène alors qu'elles venaient prodiguer un massage cardiaque au maire, en train de s'effondrer en plein discours. Un arbitre leur a intimé l'ordre de quitter immédiatement le dohyo, via un message proféré à plusieurs reprises par haut-parleur. Selon des témoins cités par les médias locaux, des responsables ont jeté ensuite de grandes quantités de sel sur l'anneau de combat, apparemment afin de "re-purifier" le sol foulé par la gent féminine.

Le responsable de l'Association de sumo, Hakkaku, a formulé de "sincères excuses", dans un communiqué. "L'annonce a été faite par un arbitre sous le coup de l'émotion, mais c'était une action inappropriée dans une situation où une vie était en danger", a-t-il déclaré. "Nous prions du fond de notre cœur pour la santé du maire et exprimons notre profonde gratitude aux femmes qui ont apporté les soins d'urgence sur place". Le maire a été hospitalisé et se trouve dans un état stable, a précisé Noriko Miwa, la porte-parole de la ville.

Un débat déjà ancien au Japon

Le sumo, dont les origines remontent à plus de 2 000 ans, conserve de nombreux rituels religieux shinto. L'arène est considérée comme un lieu sacré et les femmes, jugées "impures", en sont bannies.

Ce n'est pas la première fois que le sumo est agité par un tel débat. En 1990, la secrétaire générale du gouvernement, Mayumi Moriyama, avait voulu remettre une coupe à un champion, mais elle avait dû céder face au grand conservatisme des responsables de la discipline. Une décennie plus tard, Fusae Ota, gouverneure de la région d'Osaka (ouest), était revenue à l'offensive, déclarant : "Le sumo est un sport traditionnel mais il doit changer". Elle avait demandé à plusieurs reprises de monter dans le cercle où combattent les imposants lutteurs, pour décerner un trophée. En vain.

Le sumo est un sport très codifié dont les lutteurs sont adulés au Japon, mais il a perdu de son prestige ces dernières années face à des accusations d'abus physiques extrêmes, des affaires de drogue, de paris illégaux et de liens avec le crime organisé. L'an dernier, un de ses plus grands champions, Harumafuji, a dû mettre fin à sa carrière après avoir agressé un rival lors d'une soirée arrosée, un scandale qui a eu un énorme retentissement dans l'archipel.

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