: Vidéo Les travaux pour sécuriser les centrales nucléaires françaises après l'accident de Fukushima "ne sont pas terminés", indique l'IRSN
Carine Herviou, directrice générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire indique sur franceinfo que si les réacteurs de Tricastin et du Bugey ont été sécurisés, il faudra attendre "le passage au-delà de 40 ans des centrales" pour que les autres réacteurs français le soient.
"Tous les travaux" visant à renforcer la sécurité des centrales nucléaires françaises après l'accident de Fukushima "ne sont pas terminés", a indiqué jeudi 11 mars sur franceinfo Carine Herviou, directrice générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Seuls les réacteurs de Tricastin et du Bugey ont été sécurisés. Pour les autres ça "se fera au moment des visites décennales, c'est-à-dire lors du passage au-delà de 40 ans des centrales". Interrogée sur les impacts de l'accident de Fukushima sur la santé des Japonais, Carine Herviou ne se montre pas étonnée de l'absence de recrudescence des cancers, mais estime que "la probabilité de voir apparaître des cancers n'est pas nulle".
franceinfo : Dix ans après la catastrophe de Fukushima, un rapport de l'ONU affirme que les émissions radioactives de la centrale n'ont pas causé le moindre décès au Japon et qu'il n'y a pas plus de cancers supplémentaires. Cela vous a surpris ?
Carine Herviou : Non. Effectivement, les épidémiologistes étaient d'accord sur le fait qu'il n'y aurait certainement pas de lien possible entre l'exposition à la radioactivité et des éventuels cancers. Par contre, il y a eu un impact assez fort sur l'état général de la santé des populations, notamment des personnes évacuées avec des pathologies de type obésité, troubles de l'anxiété et autres. Mais la probabilité de voir apparaître des cancers n'est pas nulle.
Après cette catastrophe, la France avait promis de renforcer la sécurité de ses centrales nucléaires. Est-ce qu'elles sont plus sûres aujourd'hui ?
Oui, elles sont plus sûres aujourd'hui. Avant l'accident, on considérait un accident qui affectait uniquement un réacteur, aujourd'hui EDF considère que tous peuvent être affectés en même temps, comme cela s'est passé à Fukushima. Il y a donc un renforcement de la robustesse des installations à l'égard des agressions dites extrêmes, des agressions de très forte intensité et également une amélioration de la capacité d'adaptation des équipes, et des équipes commando ont été mises en place par EDF pour intervenir sur les centrales en cas d'accident de ce type.
EDF s'était notamment engagée à créer une nouvelle couche de protection dans les centrales autour du réacteur. Est-ce que c'est fait aujourd'hui ? Tous les travaux sont terminés ?
Non, tous les travaux ne sont pas terminés. Les premiers, notamment les sources d'eau d'appoint et les sources électriques, ont été mis en place. Le reste sera fait dans le cadre de l'autorisation de prolongation de la durée de vie des centrales au-delà de 40 ans. Les premiers réacteurs de Tricastin et Bugey qui sont les plus vieux réacteurs de France ont été mis au niveau de sécurité post-Fukushima. Pour le reste, ça se fera au moment des visites décennales, c'est-à-dire lors du passage au-delà de 40 ans des centrales. Aujourd'hui, d'après les plannings EDF, les travaux s'achèveront au-delà de 2030.
En janvier dernier, l'Autorité de sûreté nucléaire, qui est le gendarme du nucléaire en France, a mené une visite surprise de nuit sur le chantier de l'EPR de Flamanville. Elle a constaté que les personnels ne connaissaient pas les procédures de sécurité à suivre. N'est-ce pas inquiétant ?
Si, c'est inquiétant effectivement, il faut que les personnels soient en capacité de déclencher les alertes et de remplir leur mission en cas d'accident nucléaire. Ça montre aussi que la mise en place des matériels n'est pas tout. Il faut aussi que les personnes soient entraînées, formées pour pouvoir répondre à une situation d'accident. Il y a encore du travail et des progrès à faire dans la perception qu'ont EDF et les exploitants au niveau des centrales du risque d'accident.
Alors que les centrales nucléaires avaient été construites sur une hypothèse de 40 ans de vie, l'Autorité de sûreté nucléaire vient d'ouvrir la voie à un prolongement jusqu'à 50 ans pour les plus vieux des réacteurs français. On peut aller jusqu'à quelle durée de vie ?
Tout dépend de l'état des installations. C'est-à-dire qu'il y a quelques composants fondamentaux, comme la cuve du réacteur, qui ne sont pas remplaçables. Il faut donc suivre leur évolution pour savoir si, effectivement, l'installation peut continuer à être exploitée ou non. EDF a demandé la prolongation au-delà de 40 ans donc l'ASN s'apprête à donner des autorisations jusqu'à 50. Il y aura un nouveau réexamen à 50 ans.
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