Cet article date de plus de sept ans.

Six ans après la catastrophe de Fukushima, la délicate question du retour des habitants

Le Japon commémore samedi le séisme et le tsunami qui a provoqué la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011. Le pays a décontaminé les villages alentours et incite au retour des habitants. Mais les risques sont réels.

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Ici en mars 2016 à Sendai (Japon), des personnes prient pour les victimes du tremblement de terre et du tsunami qui ont frappé le Japon en 2011 (TORU YAMANAKA / AFP)

Dans une salle de conférence de la mairie du 2e arrondissement de Paris, une dizaine de militants du réseau Sortir du nucléaire est venue écouter attentivement les explications du professeur Shinzo Kimura, de l'université de médecine de Dokkyô, au Japon. Il y a six ans, le 11 mars 2011, après un tremblement de terre, un tsunami ravageait la côte est de son pays. La vague de quatorze mètres détruisait la centrale nucléaire de Fukushima dans ce qui reste comme l'une des plus graves catastrophes depuis celle de Tchernobyl en 1986.

>> A lire aussi. Six ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima, le suivi sanitaire interpelle les spécialistes

Six ans plus tard, le Japon a fait d'énormes efforts pour décontaminer les villages alentours et inciter au retour des habitants. En 2017 sera ainsi levé l'ordre d'évacuation de 70% des villages autour de la centrale. "C'est criminel, commente Shinzo Kimura. Concrètement, cela veut dire que toutes les aides financières et les logements gratuits pour les réfugiés de la catastrophe, ce sera fini !"

En Ukraine, 31 ans après Tchernobyl, il reste beaucoup d'endroits où il est trop dangereux de vivre. Mais au Japon, le gouvernement préfère la reconstruction économique pour les JO 2020 plutôt que la vie humaine.

Pr Shinzo Kimura

à franceinfo

En ce mois de mars, qui marque les commémorations de la catastrophe, seuls les villages où la radioactivité excède les 20 millisieverts par an restent inhabités. "Mais 20 millisieverts par an, c'est la limite d'exposition maximale pour des travailleurs du nucléaire, s'indigne Yûki Takahata, une militante du réseau Sortir du nucléaire. C'est quand même dingue qu'on laisse revenir des gens, des enfants, des femmes enceintes dans ces zones !"

Près de 150 cas de cancers de la thyroïde décelés chez les enfants

Pour le Japon pourtant, pas question d'être comparé à l'URSS et sa mauvaise gestion de la catastrophe de Tchernobyl, pas question de bâtir un sarcophage pour cacher les réacteurs qui ont explosé, pas question non plus de laisser un no man's land autour de la centrale. La décontamination est cruciale. "Les maisons ont été décontaminées. Sur les routes alentours, les premières couches de macadam ont été enlevées", confirme Jean-René Jourdain, expert de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

Mais pour l'expert, retourner vivre dans ces villages reste compliqué. "Beaucoup de contraintes subsistent. Le gouvernement japonais n'a absolument pas décontaminé les forêts", souligne Jean-René Jourdain.

Dans la région de Fukushima, on ne peut pas séjourner longtemps dans la forêt. On ne peut pas manger les champignons qui poussent dans la forêt.

Jean-René Jourdain

à franceinfo

Six ans après la catastrophe, 142 cas de cancers de la thyroïde ont été décelés parmi les enfants de la région de Fukushima. La maladie n'est pas en augmentation. Mais les risques liés à la radioactivité sur le long terme inquiète toujours autant les familles qui ne souhaitent pas revenir vivre ces villages, où 95% des habitants ont aujourd'hui plus de 85 ans.

Reportage d'Anne-Laure Barral autour de la question du retour des habitants dans la région de Fukushima

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.