Huit ans après Fukushima, de nombreux Japonais n'ont plus confiance en leurs élus et leurs experts
Un rapport publié lundi par l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Sciences Po et l'Institut technique de Tokyo montre que la catastrophe de mars 2011 a érodé le lien de confiance entre la population, les élus et les experts.
L'accident de Fukushima a mis à mal le lien de confiance entre les Japonais et leurs représentants : c'est la conclusion d'un rapport publié lundi 11 mars par l'Institution de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Sciences Po et l'Institut technique de Tokyo, huit ans après la catastrophe. Intitulé "Shinrai"; ce qui signifie "confiance" en japonais, ce rapport a nécessité cinq ans de travail ainsi que 120 entretiens avec des habitants, des élus et des experts de trois villages contaminés. L'objectif est de tirer les conséquences sociales de cette catastrophe.
Le principal enseignement de ce rapport est que les Japonais ne font plus confiance à leurs élus et à leurs experts scientifiques. Les femmes sont également tiraillées par un dilemme : abandonner ou non leur village. Cette décision peut être très mal vue au Japon, même si c'est pour protéger la santé de ses enfants face aux risques radioactifs. Ce rapport met également en avant le rôle crucial des maires des villages, confrontés à des habitants âgés qui veulent rentrer chez eux et des familles qui ne le veulent pas mais qui se sentent obligées de le faire, poussées par la fin des aides financières.
Seuls 15% des habitants sont rentrés chez eux
Huit ans après la catastrophe de Fukushima, les conséquences sociales de l’accident nucléaire sont toujours difficiles à gérer pour le gouvernement japonais et l’entreprise TEPCO, multinationale japonaise qui exploitait la centrale de Fukushima. Des procès sont en cours, des familles ont éclaté, des habitants ont été forcés à rentrer chez eux.
Malgré les 46 milliards d'euros dépensés dans la décontamination de certains villages, seuls 15% de leurs habitants sont rentrés chez eux et, parmi eux, certains se sont tout de même tournés vers la justice. Aujourd’hui, TEPCO doit faire face à plus de 12 000 plaignants. Enfin, ce rapport montre qu’une telle catastrophe ne peut pas être gérée d’un point de vue uniquement technique mais doit faire l'objet d'une gestion humaine.
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