Nouveau drame à Lampedusa : l'immigration qui touche l'Italie et l'Europe
Des centaines d'immigrés ont débarqué le 20 août 2013 en Sicile. Des immigrants venus du sud : Afrique sub-saharienne, mais aussi Syriens ou Egyptiens. Entre le 1er août 2012 et le 10 août 2013, 24.277 immigrés ont débarqué sur les côtes italiennes, selon Rome.
Un tiers d'entre eux sont arrivés en Italie sur une période limitée de 40 jours, entre le 1er juillet et le 10 août. Les mois se suivent et les arrivées se multiplient, plus ou moins dramatiques sur les côtes italiennes. Malgré ces nombreuses arrivées, l'immigration n'est pas devenue «une situation d'urgence ingérable», a cependant indiqué le ministre de l'Intérieur, membre du parti de Silvio Berlusconi. «Nous avons su conjuguer le devoir d'accueil avec le droit à la sécurité».
Deux cent mille boat people
Début juillet, le pape François s'était rendu sur l'île italienne de Lampedusa, au sud de la Sicile, pour son premier voyage hors de Rome, afin de «pleurer» les milliers de migrants qui ont péri ces dernières années pendant la traversée de la Méditerranée. Depuis 1999, plus de deux cent mille boat people sont arrivées à Lampedusa, île proche des côtes de l'Afrique du Nord, ce qui en fait, avec la frontière turco-grecque, un des principaux points de passage de migrants sans papiers cherchant à se réfugier dans l'Union européenne.
Alors qu’un débat sur le racisme est apparu en Italie avec des attaques contre la ministre noire du gouvernement, Cécile Kyenge, le journal Le Corriere della sera notait : « Non, nous ne sommes pas racistes, comme en témoigne la manière dont les populations accueillent en règle générale les malheureux qui débarquent sur nos côtes. C’est devenu quasiment la règle : à leur arrivée, les particuliers accourent avec des couvertures, des vêtements, des victuailles pour venir en aide à ces boat people. Il n’est pas rare qu’ils leur offrent même l’hospitalité ».
Il est vrai que l'Italie, face à l’afflux d’immigrés, a pris plusieurs mesures de régularisation des travailleurs étrangers. Le premier ministre italien, Enrico Letta, était, de son côté, intervenu cet été pour accueillir des migrants refusés par Malte, île-Etat membre de l'UE, située au sud de la Sicile.
8.000 Syriens en Suède
Mais les chemins migratoires vers l’Europe ne passent pas que par l’Italie, et des bateaux dangereux. «Les voies d’immigration clandestine par les Balkans se développent. Au total, entre 2011 et 2012, le nombre de sans-papiers repérés dans la région est passé de 26 223 à 34 825 (+33 %) », selon les chiffres de la Commission européenne, publiés par le journal espagnol El Periodico de Catalunya. “Au quatrième trimestre 2012, la Croatie détient le record de l’espace Schengen et de l’UE en termes de nombre d’arrestations pour entrée illégale sur le territoire, en provenance de Serbie. Elle a même dépassé la Grèce”, indique le rapport Western Balkans Risk Analysis 2013 de Frontex, l’agence qui contrôle les frontières extérieures du territoire communautaire, ajoute le journal.
Autre point chaud, sur les routes migratoires, la Grèce, point d’entrée de l’Europe face à la Turquie et au Proche-Orient. Athènes est souvent mis en cause pour sa façon de traiter les migrants. Alors que dans le pays l’extrême-droite s’en prend aux immigrés, « des révoltes éclatent régulièrement dans les centres de rétention, dont la dernière en date remonte au 11 août. Dans le centre d’Amygdaleza, près d’Athènes, une mutinerie a éclaté après que les migrants ont appris la prolongation du délai de leur détention de 12 à 18 mois», rapporte To Vima, journal grec cité par Presse Europe .
Le phénomène migratoire touche toute l’Europe. Ainsi, la Suède a reçu en 2012 le nombre de demandes d'asiles le plus élevé depuis 1992 avec notamment un afflux de près de 8.000 Syriens
L'immigration en tête des priorités
La question de l’immigration se retrouve ainsi dans l’actualité politique. Aux Pays-Bas, le vice-Premier ministre néerlandais, le travailliste Lodewijk Asscher, a demandé à l'Union européenne (UE) de prendre en compte les conséquences des niveaux sans précédent de l'immigration interne au sein des Vingt-Huit en révisant sa politique dans ce domaine. «Si nous voulons continuer à profiter des avantages de la liberté de circulation, alors nous devons être prêt à prendre en compte les effets collatéraux négatifs, qui vont d'un effet d'éviction à l'exploitation (des immigrés)», juge-t-il dans ce texte cosigné par le Britannique David Goodhart, un défenseur de règles plus strictes sur l'immigration .
A quelques mois des élections européennes, Il juge que le débat sur l'immigration doit être «en tête des priorités» de Bruxelles. Les propos du ministre néerlandais faisaient écho aux propos récents de David Cameron. «Le message envoyé aux étrangers est à la fois simple et déprimant : restez chez vous», résume le Financial Times.
Malte a aussi demandé «une politique de l'UE cohérente». «Les discours vides sur la solidarité ne suffisent pas» a jugé le Premier ministre maltais Joseph Muscat. De son côté, le Premier ministre italien a estimé que «l'Europe doit faire davantage en tant qu'Union européenne» sur cette question «très significative des flux migratoires».
Le phénomène ne touche pas que l’Europe. En Australie, les secours ont récupéré 106 personnes qui se trouvaient à bord d'un navire transportant des demandeurs d'asile et qui a coulé mardi au large de l'île de Christmas, territoire australien au milieu de l'Océan indien.
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