Les élections américaines vues de... Rome
Seize millions d’Américains qui ont la tête dans la bannière étoilée, mais les pieds bien enracinés quelque part dans la botte, en Sicile, en Calabre ou en Campanie.
C'était le temps de l'émigration économique, fin du 19e siècle, début du 20e. Les transatlantiques et leur destination commune : Ellis Island. Aujourd'hui, le lien est toujours prégnant. Il n’est pas rare l’été à l’aéroport de Fiumicino de croiser des files de passagers, le passeport bleu des USA en main mais qui échangent entre eux en patois.
Les journaux relaient la campagne
La presse italienne assure donc un suivi scrupuleux de la campagne au jour le jour, mais elle s’appuie aussi sur l’évènement pour illustrer l’actualité transalpine. Crise, récession, chômage sont devenus au fil des mois le quotidien des Italiens. Et rien de mieux que l’élection américaine pour leur rappeler que l’herbe reste toujours plus verte dans le jardin d’à-côté.
Dans L’Espresso du 20 septembre, on trouve un reportage sur ces nouveaux immigrants italiens qui traversent aujourd’hui encore l’Atlantique en quête d’un avenir meilleur : c’est à New York, bien sûr, que le phénomène est le plus notable. Figurez vous qu’on dénombre pour la seule Grosse pomme 2 ,7 millions d’Italiens, explique le correspondant sur place de La Stampa, le grand quotidien de Turin.
Ces dernières années, «ils sont des centaines, peut-être des milliers, attirés comme leurs ancêtres du début du 20e siècle par la perspective de trouver un emploi». La différence, poursuit Maurizio Molinari, qui a également tiré un livre de son reportage, est que depuis 2001, les conditions d’immigration se sont durcies et rares sont ses compatriotes à avoir décroché le sésame qui permet de travailler légalement : la carte verte.
Il n’empêche, raconte encore notre confrère, USA rime toujours avec eldorado et clandestins ou pas, les Italiens de New York ont tous décroché un job. De quoi faire réfléchir dans une Italie ou le tiers des moins de 35 ans est au chômage depuis la sortie de l’Université.
Mais la relation entre les deux pays n’est pas qu’économique. Il y a des liens d’amitié entretenus à tous les niveaux de la société. Un institut diététique de Salente, tout au sud du pays, vient par exemple d’inviter Michelle Obama, le 27 octobre, à une semaine seulement du grand jour.
Bon, on reconnaît sur place que la proximité de l’élection rendra la venue de la First Lady peu vraisemblable, mais le comice des Pouilles explique quand même que ce serait bien qu’elle soit présente.
Un olivier vieux de 1.400 ans baptisé en son honneur
L’huile d’olive étant la base du régime méditerranéen connu pour ses vertus diététiques. Michelle Obama luttant de son côté pour chasser la malbouffe des assiettes des petits américains. CQFD ! Et du sud qui constituait le gros des immigrants il y a plus de cent ans, au nord bien plus riche encore aujourd’hui, les Etats-Unis ne sont jamais bien loin.
Le Lombard Mario Monti, l’actuel chef du gouvernement, n’a-t-il pas peaufiné ses connaissances économiques sous la direction du prix Nobel Tobin (celui de la taxe) à Yale, près de Boston, à la fin des années 60 ? C’est d’ailleurs là bas, à l’occasion d’un déplacement à New York, que le Premier, comme on l’appelle ici, vient d'annoncer, après avoir pourtant décliné, que finalement il se verrait bien rempiler, comme Barack Obama.
Même si pour lui ça sera après une autre élection, après les prochaines législatives prévues en Italie au printemps prochain.
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