Le Sénat italien vote la confiance au gouvernement Letta, avec les voix du parti de Berlusconi
Le Cavaliere et son Peuple de la liberté (PDL) ont majoritairement voté pour le maintien du gouvernement d'union gauche-droite.
Berlusconi a cédé. Le chef du gouvernement italien, Enrico Letta, a largement obtenu la confiance du Sénat, mercredi 2 octobre, dans un vote crucial pour l'avenir du pays. Au total, 235 sénateurs ont voté pour et 70 contre, alors qu'Enrico Letta avait besoin de 161 voix. C'est grâce à la pression de dissidents du Peuple de la liberté (PDL), la formation de Silvio Berlusconi, que le gouvernement d'union gauche-droite peut donc rester en place. En menaçant de couper en deux le parti de centre-droit, les "colombes" du PDL ont fait craquer leur patron, qui souhaitait pourtant la chute du gouvernement.
"Nous avons décidé, non sans débat interne, de voter la confiance", a déclaré Silvio Berlusconi dans une courte allocution, avant le vote. Cet aveu d'échec ressemble toutefois à un cadeau empoisonné pour Enrico Letta. Le scénario d'un parti de centre-droit clairement déchiré l'aurait arrangé. Il aurait été plus aisé pour Letta de continuer à gouverner avec une courte majorité sans Berlusconi, plutôt qu'une large majorité avec lui. Dans le cas présent, la droite maintient une unité (de façade, au moins) et Silvio Berlusconi, même affaibli, conserve sa place de leader, encombrant pour Enrico Letta.
Enrico Letta au-dessus de la mêlée
Le président du Conseil sort tout de même renforcé de ce vote, car il aurait pu le gagner même sans le coup de pouce de Silvio Berlusconi, juste avec les dissidents du PDL. Presque convaincu, depuis la démission de cinq ministres PDL, que le Sénat le ferait tomber, il s'était préparé à sortir la tête haute. Alors que quelques jours plus tôt, depuis New York, il accusait Silvio Berlusconi d'"humilier l'Italie", son discours préalable au vote, mercredi, était solennel et tout en retenue. Le Premier ministre, sans briller, s'est placé au-dessus de la mêlée.
Enrico Letta s'est efforcé de se concentrer sur la nécessité de redresser l'économie du pays et sur le "risque fatal" que court l'Italie si elle ne parvient pas à sortir de la crise politique. Il a largement insisté sur l'impératif de trouver une certaine stabilité, prenant l'Allemagne pour modèle : pendant que Berlin a vu se succéder trois chanceliers, Rome a usé 14 présidents du Conseil. "Nous devons produire des solutions tangibles aux vrais problèmes des gens, rendre au monde l'image d'un pays jeune et responsable", a-t-il expliqué.
Seule référence à Silvio Berlusconi : "Dans un pays démocratique, les décisions de justice doivent être appliquées". Une remarque applaudie par une partie de l'audience et huée par les "faucons", partisans du Cavaliere, lequel est aux prises avec la justice.
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