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A Gênes, la douleur et la rage : "Nos vies ont été détruites par des gens qui pendant des années nous ont dit que le pont tiendrait le coup"

Les 634 personnes qui vivaient dans des immeubles construits sous la partie du pont qui s'est effondré mardi en Italie, ne peuvent toujours pas accéder à leur domicile.

Article rédigé par franceinfo, Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les riverains, évacuées d'urgence mardi 14 août après l'effondrement d'un viaduc à Gênes en Italie, parlementent avec les autorités pour tenter de récupérer leurs biens. (ANDREA LEONI / AFP)

Des barrières les séparent des pompiers, qu'ils tentent de convaincre de les laisser rentrer chez eux. Le ton monte, parfois. Les 634 habitants du quartier de Sampierdarena évacués mardi après l'effondrement du viaduc Morandi à Gênes sont à bout de nerfs, deux jours après la catastrophe.

Certains veulent juste récupérer leurs animaux de compagnie laissés derrière eux, comme cette tortue qui attend dans une chambre à coucher. D'autres, comme Ramon, hébergé chez un ami, aimerait prendre quelques vêtements. "On n'a rien. Et c'est pour ça que nous sommes là. Nous sommes très énervés, on nous dit une chose et puis son contraire. On n'y comprend rien ! Nous avons juste besoin de dix minutes. L'argent est à la maison, les habits sont à la maison... Tout est à la maison !"

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Malgré les protestations, le quartier a été évacué par crainte d'un nouvel effondrement. Une partie du viaduc reste suspendue sur plusieurs dizaines de mètres au-dessus d'imposants immeubles d'habitation. "Si tu regardes le pont d'ici, poursuit Ramon, tu vois que le pylône est tordu. Nous sommes conscients du danger mais les autorités doivent aussi comprendre notre besoin de repasser dix minutes chez nous."

"Ils ne nous disent rien"

Patrizia, elle, a des cernes sous les yeux. Elle ne dort pas depuis la catastrophe. "Je suis venue chercher des papiers mais ils bloquent le passage, explique-t-elle. Ils ne nous disent rien, juste d’appeler la protection civile. Mais là-bas non plus, ils ne savent rien." 

Même colère rentrée chez Ennio, le président du conseil de quartier, pour qui l'avenir s'assombrit. "Tout ce que possède, vous le voyez, je l'ai sur moi. Ils nous ont tous relogés provisoirement, comme pour un tremblement de terre."

Cela fait 51 ans que nous habitons là. Le pont, ils nous l'ont construit sur la tête, après l'achat de nos maisons

Ennio, habitant du quartier du pont Morandi

à franceinfo

Ennio est amer : "On ne sait pas ce qu’on doit faire. Et surtout, on ne sait pas ce que vont devenir nos vies qui ont été détruites par des gens qui, pendant des années, nous ont dit qu’il n’y avait pas de problèmes et que le pont tiendrait le coup. Depuis toutes ces années, à nos questions, face à notre perplexité, à nos peurs parfois, ils nous ont toujours rassurés. Ces maisons, elles ont perdu de leur valeur, elles sont invendables, et nous n'avons pas les moyens d'habiter ailleurs."

Ce qui reste du pont va devoir être démoli, et les immeubles d'habitation seront tous détruits, a assuré le ministre de l'Intérieur, Matteo Salvini. "Nous prenons l'engagement de fournir avant la fin de l'année un logement à tous ceux qui auront dû abandonner le leur", a-t-il assuré.

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