Cet article date de plus de huit ans.

Shimon Peres, miroir de l’histoire d’Israël, en cinq dates

Shimon Peres est mort le mardi 28 septembre 2016. Il fut l'homme de la bombe atomique israélienne et celui des accords d'Oslo. Faucon pour les uns, pacifiste pour d'autres, il n'a jamais réussi à véritablement gagner une élection nationale malgré un rôle clef dans la politique de son pays. Retour sur un parcours qui incarne l'histoire d'Israël.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Shimon Peres en 1981 (GEORGES GOBET / AFP)

Député à la Knesset pendant 48 ans, ministre durant des décennies, trois fois Premier ministre, 9e président de l’Etat... L'histoire de Shimon Peres se confond avec celle d’Israël, Etat jeune né officiellement en 1948.

1923: naissance en Pologne 
Shimon Peres voit le jour en Pologne en 1923, sous le nom de Shimon Perski. Sa famille gagne la Palestine en 1934. Installé à Tel Aviv, il fait ses études dans une école agricole. Un temps berger, il rejoint le mouvement kibboutznik.

Avant même l'indépendance du pays, en 1947, il prend des responsabilités dans la haganna, embryon de la future armée israélienne. 

1953: l’homme de la bombe atomique israélienne   
Après l’indépendance, Shimon Peres a gravi les échelons du jeune Etat sioniste, notamment au ministère de la Défense. Grâce à l’appui du Premier ministre de l’époque, David Ben Gourion, il accède à la direction du ministère. A ce poste, il est en charge de l’armement du pays et noue des liens puissants avec la France, à cette époque très proche du jeune Etat. Les socialistes sont au pouvoir dans les deux pays, et leur collaboration se traduit sur le terrain lors de l’opération de Suez en 56. Mais au delà de l'assistance militaire, la grande tâche de Peres est d'équiper Israël de la puissance nucléaire. 
 
En Israël, «le programme nucléaire israélien est lancé en 1949 par le premier ministre, David Ben Gourion. À l'époque, les États-Unis refusent d'y contribuer», rappelait l’historien Pierre Razoux dans le FIgaro. «Paris et Tel-Aviv passent des accords diplomatiques et techniques et lancent véritablement le programme nucléaire clandestin, supervisé par Shimon Pérès et financé par des fonds secrets prélevés sur le budget du ministère israélien de la Défense», ajoute l’historien. La collaboration est telle que «Peres pouvait pousser la porte du ministre de la Défense français», aimait raconter Jean Lacouture. 

L'arrivée au pouvoir du général de Gaulle, en 1958, met fin à la ccopération nucléaire entre les deux pays. Mais Israël a pu se doter de l’arme atomique grâce à son usine de Dimona, construite avec l'aide des Français. 



1973: candidat malheureux à la tête du parti travailliste
Shimon Peres, qui a été élu pour la première fois député du parti travailliste en 1959, a plutôt l’image d’un faucon dans son parti. «Aussi surprenant que cela puisse paraitre aujourd’hui: au milieu des années 70, Shimon Peres est au sein du gouvernement travailliste le supporter No1 du parti ultra religieux Gouch Emounim, favorable aux implantations. Rabin, lui, considère Peres comme le cheval de Troie de ce mouvement dans le Parti », écrit sur à son propos le journaliste Daniel Haik.  

En 1973, il tente de conquérir son parti mais est battu par un autre candidat, issu de l'armée. Yitzhak Rabin, avec qui il entretient de mauvaises relations.

Shimon Peres et Yasser Arafat en 1994. Les deux leaders, israélien et palestinien, sont morts tous les deux et la paix n'est toujours pas d'actualité. (CLAES LÖFGREN / TT News Agency/AFP)


1993: l'homme d'Oslo 
Victorieux des élections de 1992, les travaillistes forment un gouvernement. Yitzhak Rabin devient Premier ministre et Peres obtient les Afffaires étrangères. A ce poste, il est l’homme qui est au courant des tractations, encore non officielles, à Oslo, entre Israéliens et Palestiniens. Alors que la première intifada, commencée en 1987, se poursuit, le 20 août 1993, Shimon Peres et un certain Mahmoud Abbas signent à Oslo un premier document conjoint qui se transformera en une déclaration de principe. Israéliens et Palestiniens se reconnaissent mutuellement.

De là naissent les accords d’Oslo célébrés à Washington le 13 septembre et qui lui valent ensuite le prix Nobel de la Paix (avec Rabin et Arafat). 

Après l'assassinat de Rabin par un juif extrémiste en 1995, Peres se retrouve Premier ministre. Il doit faire face à une montée des attentats mais aussi à des tirs du Hezbollah sur le nord d'Israël qui occupe toujours une partie du territoire libanais.  Peres déclenche en avril, soit un mois avant les élections, l’opération «Raisins de la Colère» contre les militants libanais. Un obus israélien s’abat sur un camp de refugiés de l’ONU dans le village libanais de Cana faisant des dizaines de tués.

Le climat politique et militaire lui est fatal. Il perd les élections et Netanyahu arrive au pouvoir. La politique d'Oslo ne s'en relèvera pas. 


2014: fin de sa carrière politique
Mais cette défaite politique -une de plus- ne met pas un terme à sa carrière loin de là, même si en 1995 il a plus de 70 ans. A cette date, le parti travailliste choisit Ehoud Barak pour le représenter. En 2000, il connaît un nouvel échec en étant battu pour le poste de président de la République par un obscur élu du Likoud, Moshe Katsav.

En 2005, Shimon Peres, militant de toujours du parti travailliste, quitte son parti pour rejoindre un parti centriste, Kadima, avec des déçus du Likoud, comme son vieil ennemi, Ariel Sharon. 

Il obtient cependant une sorte de reconnaissance en étant finalement élu président de la République en 2007, sous l'étiquette Kadima. Un poste qu'il occupe jusqu'en 2014.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.