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Israël/Palestine : scepticisme au moment de la reprise des pourparlers de paix

Comme prévu, les discussions ont repris mercredi pour trouver une solution à la crise israélo-palestinienne. Mais la volonté israélienne de construire de milliers de nouveaux logements dans des colonies juives de Cisjordanie et de Jérusalem-Est ont entrainé des doutes quant à la possibilité de réelles avancées des pourparlers.
Article rédigé par Pierrick de Morel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Jonathan Ernst Reuters)

"Israël va recourir à des esquives et à des dérobades et formuler des demandes impossibles à satisfaire pour pouvoir dire
que ces discussions sont stériles et poursuivre la politique de vol de terres menée en ce moment
." Avant même le début des discussions avec ses homologues israéliens, le négociateur palestinien Yasser Abed Rabbo ne masquait pas son scepticisme mercredi sur l'intérêt réel de ces pourparlers.

Raison majeure de cette méfiance : le feu vert donné mardi par Israël à la construction de
3.100 nouveaux logements dans les colonies
de peuplement juives
en Cisjordanie, malgré les critiques internationales.

"Long et épuisant "

Côté israélien, on s'interrogeait également sur ces nouvelles discussions. Sur les ondes de la radio de l'armée israélienne, le ministre des Sciences Yaakov Peri a évoqué
le "périple long et épuisant " qui attend les négociateurs. "Le
compte à rebours est enclenché pour les Palestiniens comme pour
nous. Nous n'aurons pas beaucoup d'autres occasions de résoudre
ce conflit
", a-t-il ajouté.

Moins alarmiste, la ministre de la justice israélienne Tzipi Livni, chef des négociateurs de son pays, a posté un message sur sa page Facebook dans lequel elle a affirmé avoir conscience de l'importance des discussions :

"Aujourd'hui, je vais poursuivre la mission majeure que
j'ai entamé : conclure un accord de paix qui maintiendra le pays
juif et démocratique et offrira la sécurité (...) à Israël et à
ses citoyens."

"Un triste jour pour commencer des négociations "

A l'hôtel King David de Jérusalem où les deux délégations se sont retrouvées, l'atmosphère était donc bien moins festive qu'à Ramallah et que dans la bande de Gaza quelques heures plus tôt.

Mercredi soir, Israël a tenu sa promesse de libérér 26 prisonniers palestiniens sur les 104 que l'Etat hébreu s'est engagé à relâcher, conformément à une exigence du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Ces Palestiniens purgeant de longues peines pour des attaques contre des Israéliens ont été sortis de prison à bord de véhicules aux vitres teintées qui les ont rapidement amenés aux frontières de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, où ils ont été accueillis triomphalement.

Des démonstrations de joie qui ont été accueillies avec amertume
en Israël. "C'est un triste jour pour commencer à négocier avec des
gens qui accueillent des meurtriers comme des héros
, a réagi
Erez Goldman, un habitant de Jérusalem. Je ne pense de toute
façon pas que ces négociations nous mènent quelque part.
"

John Kerry résigné

Si le pessimisme est de mise dans les deux camps, ni Mahmoud
Abbas, ni Benjamin Netanyahu ne veulent porter la responsabilité
de l'échec éventuel des pourparlers.

Le secrétaire d'Etat améruicain John Kerry, grand acteur de le reprise de ses pourparlers, est intervenu dès mardi. En déplacement au Brésil, il a pris la peine de téléphoner aux
dirigeants des deux camps, reconnaissant avoir eu une "discussion très
franche et ouverte, directe au sujet des colonies
" avec le
Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
Il s'est également dit certain que Mahmoud Abbas "continuait
de vouloir venir à cette négociation
".

John Kerry a toutefois semblé se résigner à ce qu'Israël
continue de développer les colonies qu'il compte conserver dans
le cadre d'un éventuel accord de paix.
"Nous continuons de penser que ce serait mieux de ne pas le
faire
", a-t-il dit. Mais il y a des réalités dans la vie
d'Israël qu'il faut prendre en compte.
"

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