: Vidéo Chercheurs français détenus en Iran : "Devant tant d'irrationalité, on a très peu d'espoir", affirme un membre de leur comité de soutien
Bernard Hourcade, directeur de recherche émérite au CNRS et membre du comité de soutien à Fariba Adelkhah et Roland Marchal, était l'invité de franceinfo mardi matin.
"Devant tant d'irrationalité, on a très peu d'espoir", affirme mardi 11 février sur franceinfo Bernard Hourcade, directeur de recherche émérite au CNRS et membre du comité de soutien à Fariba Adelkhah et Roland Marchal. Ces deux chercheurs français, arrêtés le 5 juin 2019 à l'aéroport de Téhéran, sont poursuivis pour "collusion en vue d'attenter à la sûreté nationale". Des accusations "stupides", selon Bernard Hourcade, qui dénonce "les méthodes de voyou" de l'État iranien. Fariba Adelkhah, qui a la double nationalité franco-iranienne, a entamé une grève de la faim le 24 décembre et elle est aujourd'hui "extrêmement faible". "Les nouvelles sont mauvaises" et la situation semble "bloquée", s'inquiète Bernard Hourcade.
franceinfo : Que sait-on de l'état de santé de Roland Marchal et de Farida Adelkhah ?
Bernard Hourcade : Les nouvelles sont mauvaises. Fariba est extrêmement faible, elle marche très difficilement, elle continue à parler à peu près clairement. Roland, lui, est très touché psychologiquement. Lui ne parle pas persan, il est arrivé en touriste, et cinq minutes après il était arrêté et mis en prison sans explication. Il a des problèmes d'arthrose, il est suivi médicalement à la prison a minima. Mais la situation des deux chercheurs est extrêmement difficile. Ils sont dans deux prisons différentes, hommes et femmes sont séparés. Il n'y aucun contact entre eux.
Ils sont victimes, selon vous, de fausses accusations ?
Evidemment. Etre capable de déstabiliser l'État iranien en 30 secondes en arrivant dans un aéroport, c'est stupide. Et on ne comprend pas pourquoi le gouvernement iranien utilise ces méthodes de voyou pour s'exprimer.On est donc un peu désemparés, parce que par rapport à une irrationalité, qu'est-ce qu'on peut faire ? Nous nous mobilisons ici en France, mais aussi à l'étranger, on fait ce que l'on peut. Il ne s'agit pas non plus de faire une bagarre contre le gouvernement iranien. Nous sommes aujourd'hui le 11 février, anniversaire de la révolution iranienne, la chute du Chah [Mohammad Reza Pahlavi]. On aurait pu faire des manifestations devant l'ambassade, des choses comme cela, mais nous ne le faisons pas. On espérait naïvement qu'aujourd'hui, 11 février, la grâce soit prononcée. On espère encore que pour le Nouvel an iranien, Norouz, le 20 mars, quelque chose se passe. Mais devant tant d'irrationalité, on a très peu d'espoir.
Cela fait 250 jours qu'ils sont détenus et aucune date de procès n'a encore été fixée…
Non. En France, quand vous êtes en détention provisoire, vous êtes traduit devant un juge dans les 48 heures. En Iran, ils ont attendu 245 jours avant d'être présentés à un juge qui, entre nous, est issu d'une des chambres les plus radicales qui a déjà condamné d'autres chercheurs et d'autres binationaux iraniens à des peines de prison fantaisistes de 15 ou 20 ans.
La France en fait-elle assez, selon vous, pour obtenir leur libération ?
Le président Macron, dans ses vœux traditionnels à la présidence de la République iranienne pour la fête nationale, a mentionné les deux concitoyens qui sont arrêtés. Les pressions sont là. Mais qu'est-ce qu'on peut faire dans un système qui est bloqué ? En Iran, aujourd'hui, les sanctions américaines font que tout le monde est à cran. Cette situation intérieure nous inquiète beaucoup parce qu'elle n'est pas de nature à ce que quelqu'un prenne des décisions et disent : "D'accord, je libère ces deux chercheurs, parce que c'est sans intérêt pour nous." Personne n'a la capacité de faire ça en Iran aujourd'hui. C'est ça qui nous inquiète.
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