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Témoignage Répression en Iran : "Le juge m’a dit que, si jamais j’étais repris à manifester, il donnerait personnellement l’ordre de mon exécution", témoigne un réfugié kurde

En Iran, les opposants au régime ont compté dimanche plus de 485 victimes du régime depuis le décès de Mahsa Amini il y a trois mois, selon le Parti démocratique du Kurdistan d'Iran (PDKI). Plus de 18 000 manifestants ont été arrêtés. Certains choisissent l’exil pour fuir la répression.
Article rédigé par franceinfo - Théo Renaudon, édité par Ariane Schwab
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des réfugiés iraniens kurdes ont trouvé refuge à Souleimaniye en Irak, à 40 km de la frontière iranienne. (GOOGLE MAPS)

Souleimaniye est une ville de 800 000 habitants située aux pieds des montagnes qui séparent l’Irak de l’Iran, à 40 kilomètres de la frontière. D’anciens manifestants victimes de la répression en Iran ont trouvé refuge ici, comme Salah*. Cet Iranien vient juste de trouver un poste de mécanicien au sud de la ville. 

"J’étais dans une manifestation il y a onze jours encore. Les forces gouvernementales sont venues me chercher la nuit suivante, chez moi, à deux heures du matin pour me mettre en prison. Là-bas, les gardes ont commencé à me frapper."

Salah*, un réfugié kurde iranien

à franceinfo

"J’ai un énorme bleu encore aujourd’hui sur l’épaule droite, poursuit-il. Ils me demandaient pourquoi j’étais dans les manifestations. Je leur disais que je n’avais rien fait d’illégal, que j’étais simplement présent". 

Au bout quelques jours de détention, Salah est présenté à un juge. "Mais j’avais les yeux bandés. Je ne suis même pas sûr que c’était un vrai juge. À cet instant je tremblais, j’avais vraiment très peur, avoue-t-il. Le juge m’a dit que qu’il allait me libérer mais que si jamais j’étais repris à manifester, il donnerait personnellement l’ordre de mon exécution". 

>> L'Iran exécute un deuxième homme impliqué dans les manifestations contre le pouvoir

Une fois sorti de prison, Salah prend une décision : il quitte l’Iran. "Je suis allé dans une ville, proche de la frontière. Arrivé sur place, je me suis rendu compte que j’avais été suivi par les services secrets. J’ai passé une nuit là-bas avant de mettre le cap sur l’Irak. Arrivé à Souleimaniye, j’ai pris une chambre dans un motel et j’ai commencé à chercher du travail pour pouvoir survivre. Ce garage avait besoin d’un mécano, j’ai fait un essai et ils m’ont gardé".

"J’espère que ce régime meurtrier va s’effondrer"

Trois mois après la mort de Mahsa Amini, "Jina" de son nom kurde, le Parti démocratique du Kurdistan d'Iran (PDKI) estime à plus de 485 morts les victimes de la répression iranienne, selon des chiffres communiqués dimanche. Sur plus de 18 000 manifestants arrêtés, la moitié seraient kurdes. Salah espère bien voir la République islamique tomber. Mais il doute d’une telle issue.

"Évidemment que j’espère que ce régime meurtrier va s’effondrer. Mais les manifestations en cours ne sont conséquentes que dans les villes kurdes, observe Salah. Il faudrait que les grandes villes perses comme Téhéran ou Ispahan se soulèvent bien plus ! C’est seulement comme ça que le régime pourrait tomber". 

>> Iran : le régime peut-il tomber ? Le débat du Talk franceinfo

En Irak, il n’existe pas de statut de réfugié pour les Iraniens. En théorie, Salah doit donc retourner en Iran dans 30 jours pour renouveler son visa.

*Le prénom a été modifié

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