Des Iraniennes bravent l'interdit : elles ôtent le voile sur Facebook
Le mouvement a été lancé par une journaliste iranienne exilée en Grande-Bretagne. Masih Alinejad a posté une photo d'elle avec le hashtag stelthyfreedom, «liberté furtive». La page Facebook, créée le 3 mai 2014 compte déjà plus de 73.000 fans. Masih a confié au site Vocativ: «Quand j'étais en Iran, je retirais mon voile dans un champ ou dans un endroit tranquille et je me demandais combien de femmes iraniennes faisaient la même chose. Apparemment beaucoup.»
Des jeunes filles, des mères, et parfois des grands-mères, toutes sans voile, obligatoire en public dans la République islamique d'Iran, jettent leur foulard et se prennent en photo qu'elle publient sur la page Facebook des «Libertés furtives des femmes Iraniennes».
«Trois générations dans un seul cadre. Grand-mère, mère et fille. Nous avons créé notre propre avenue à Téhéran, l'avenue Azadi (liberté en persan). Que la prochaine génération puisse obtenir ses droits les plus basiques avant que ses cheveux deviennent blancs. Est-ce que cela est un rêve trop ambitieux?», écrit une jeune fille.
Un succès inédit pour cette page et une popularité surprenante quand ont sait que Facebook est bloqué en Iran. Il ne reste accessible que par le biais de différents logiciels antifiltrage.
Une Iranienne, cheveux libres, pose devant une affiche invitant au respect du hidjab. Elle poste un commentaire qui en dit long sur cette tendance. «Ma photo est bien parlante. Est-ce qu'ils se demandent pourquoi des filles se prennent en photo sans voile devant les affiches moralisatrices sur le hidjab? Ce message est facile à comprendre».
Devant l'ampleur de ce mouvement, l'agence d'information Fars, proche des Gardiens de la révolution, s'en prend à Masih Alinejad, la qualifiant «d'antirévolutionnaire» qui cherche à «abolir le hidjab». Le 7 mai 2014, les plus conservateurs ont manifesté en faveur d'une surveillance plus stricte des codes vestimentaires et du respect du hidjab. Un groupe de bassijis a scandé des slogans tels que «Homme! Où est passée ta dignité? Où est passée le hidjab de la femme? Mort à celles qui n'ont pas de hidjab». Ils exigent la poursuite judiciaire de celles ou ceux qui ne respectent pas les règles vestimentaires, ainsi que le renforcement des actions de la police des mœurs, chargée du contrôle du hidjab sur les Iraniennes.
Cette manifestation est-elle une mise en garde à l'adresse du président modéré Hassan Rohani? En effet, celui-ci prône une approche plus souple en ce qui concerne les contrôles vestimentaires. La guerre semble déclarée entre le Président et les conservateurs. Preuve d'une contre-attaque, des radicaux ont lancé une campagne aussi sur les réseaux sociaux pour prévenir la propagation des vêtements «impudiques», comparant les femmes légèrement vêtues à des pistaches sans coquilles ou a des voitures sans couverture de protection rapportent des observateurs de France 24.
Les Iraniennes qui ont posté leurs photos sans voile sur une page publique pourraient être arrêtées pour avoir enfreint le loi sur la code vestimentaire datant de 1979. Mais on ignore quelles pourraient être les sanctions. Elles sont passibles de plusieurs coups de fouet ou d'emprisonnement. Tout dépend de leur comportement. Elles peuvent aussi bien être injuriées puis libérées.
Mais avec ses 64.000 «Likes», la page Facebook a viré au manifeste et défie le régime islamique.
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