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Bousculade tragique de La Mecque: l’Iran accuse l’Arabie Saoudite d’incompétence

Plus de 130 pèlerins iraniens ont trouvé la mort lors de la bousculade qui a coûté la vie à 717 personnes à Mina près de La Mecque, le jeudi 24 septembre 2015. Pour le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, la faute incombe aux autorités saoudiennes qui ont fait montre de «mauvaise gestion».
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
131 pèlerins iraniens ont trouvé la mort dans la bousculade. ( AFP PHOTO / STR)

«Le gouvernement d'Arabie Saoudite doit accepter l'énorme responsabilité de cette catastrophe», tranche l'ayatollah Ali Khamenei, qui a décrété trois jours de deuil. Les autorités iraniennes ont établi un bilan de 131 morts et 60 personnes blessées. «Il est possible que ce bilan augmente encore», se désole Saïd Ohadi, le chef de l'Organisation du pèlerinage iranien, cité par l'agence officielle Irna. 
 
La bousculade, survenue au premier jour du rituel de lapidation à Mina, près de La  Mecque, a fait 717 morts et 863 blessés, la plus meurtrière tragédie à endeuiller le hajj depuis 25 ans en Arabie Saoudite. Les autorités locales ont promis d’établir un bilan par nationalités, mais de nombreux pays ont annoncé le nombre de morts de leurs ressortissants.


Rivalité. Les deux capitales, Riyad et Téhéran, se battent au Moyen-Orient pour étendre leur influence respective. Syrie, Yémen, Liban, Irak, les foyers de tension ne manquent. La monarchie sunnite wahhabite et la République chiite ont un gros contentieux sur La Mecque. Selon l’Iran, aucune raison ne justifie que le royaume saoudien soit seul à gérer ce haut lieu de l’islam. Pour Riyad, qui tient une partie de sa légitimité politique par son statut de Gardien des lieux sacrés, il est hors de question d’associer les autres pays musulmans dans la gestion de La Mecque et de Médine.
 
Comptabilité macabre. La bousculade tragique de cette année n’est pas sans rappeler plusieurs précédents : 
 
8 août 1985 : 103 pèlerins iraniens sont arrêtés à l’aéroport de Djeddah. Des explosifs sont saisis. 
31 juillet 1987 «vendredi noir» : 402 morts, 275 Iraniens. Des pèlerins iraniens manifestent à la Mecque contre les Etats-Unis. A la suite de ces événements, l’Arabie Saoudite fixe un quota de mille pèlerins par million d’habitants, dans chacun des pays musulmans. 
9 juillet 1989 : 1 mort, 16 blessés. Double attentat à la bombe à La Mecque. 16 chiites iraniens sont décapités pour ces doubles attentats. 
 
Communication fébrile. Depuis New York où il doit participer à l'Assemblée générale de l'ONU, le président iranien Hassan Rohani a demandé au «gouvernement saoudien d'accepter ses responsabilités» dans cette catastrophe. Dans les heures qui ont suivi la tragédie, les responsables saoudiens avaient imputé l’origine de l’accident à «l’indiscipline des pèlerins», l’un d’eux ira même jusqu’à accuser une délégation africaine. Pour Irfan al-Alawi, cofondateur de l'Islamic Heritage Research Foundation basée à La Mecque, le problème réside dans le contrôle des foules malgré les efforts des autorités d'agrandir les Lieux saints. «Ils ont essayé d'améliorer les installations, mais la priorité pour la  santé et la sécurité passe toujours après», dit-il.

Le hajj est l'un des cinq piliers de l'islam que tout fidèle est censé accomplir au moins une fois dans sa vie s'il en a les moyens physiques et financiers. Au total,  1.952.817 fidèles, dont 1,4 million venus de l'étranger, participent au  pèlerinage de cette année.

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