Iran : Mahmoud Ahmadinejad, rideau sur huit années très agitées
2005-2013 : Mahmoud Ahmadinejad, en huit ans, s'est fait connaître sur le plan international, ravivant la tension entre l'Iran et les États-Unis, multipliant les coups de sang, maniant la rhétorique anti-occidentale (et anti-israélienne) avec pour but de faire de son pays un acteur majeur des relations internationales, dans une région explosive. À l'intérieur du pays, l'ancien maire de Téhéran, adoubé puis renié par les mollahs, sera passé de l'incarnation de l'espoir, celui qui redonna fierté et sentiment de puissance au peuple iranien, à un homme politique isolé, déchu, et décrédibilisé.
La haine d'Israël
Il n'a pas fallu longtemps à Mahmoud Ahmadinejad pour laisser exploser à la face du monde sa conception de la relation entre l'Iran et Israël. Élu président de la République islamique le 25 juin 2005, il prend la parole au cours d'une conférence, le 26 octobre.
"Israël doit être rayé de la carte"
Ses mots sont ressentis avec violence. En fait, Mahmoud Ahmadinejad renoue, et il le dit au cours de la même conférence, avec des paroles prononcées par l'ancien Guide suprême iranien, le père de la révolution islamique, l'ayatollah Khomeiny. Les grandes puissances occidentales n'ont pas de mots assez forts pour dénoncer cette rhétorique.
Le 20 avril 2009, nouvel épisode, face aux principaux dirigeants de la planète, à l'ONU : Mahmoud Ahmadinejad évoque la Shoah, dénonçant la création de l'État d'Israël, "au prétexte de la souffrance juive ". La majorité des participants à la conférence quitte la salle.
La question nucléaire
Dès son arrivée au pouvoir, Mahmoud Ahmadinejad en fait l'un des points-clés de sa politique : l'Iran doit se doter de l'énergie nucléaire. Civil, jure-t-on. Le 8 août, l'Iran reprend des activités nucléaires dans son usine de conversion d'uranium d'Ispahan, suspendues en accord avec les puissances occidentales depuis plusieurs mois. Dès 2006, Téhéran démarre son programme d'enrichissement d'uranium, malgré l'hostilité de la communauté internationale qui craint un volet militaire.
En huit ans, l'Iran fera l'objet de six résolutions contraignantes de l'ONU, la plupart assorties de sanctions. Des "bouts de papier ", juge Ahmadinejad.
Le 21 août 2010, la Russie, alliée indéfectible, mais critique, livre la centrale nucléaire de Bouchehr. Depuis, les sanctions internationales ponctionnent durement l'Iran.
Les troubles de la réélection
Au faîte de sa popularité, croit-on, Mahmoud Ahmadinejad est réélu président de la République islamique le 12 juin 2009, avec plus de 62 % des voix. Mais très vite, les adversaires d'Ahmadinejad, au premier rang desquels Mir Hossein Moussavi, dénoncent de graves fraudes au cours de l'élection.
Dans les jours qui suivent, des milliers d'Iraniens, dont de nombreux jeunes, défilent dans les rues pour crier leur colère, postant messages et photos sur les réseaux sociaux. La "révolution verte" est née ; le mouvement associé perdure. La répression, appuyée par le Guide Suprême, est épouvantable. Le bilan officiel fait état de 36 morts, le double selon l'opposition. Les images font le tour du monde et provoquent l'indignation générale. Face à ce mouvement de contestation, le plus important depuis la révolution islamique de 1979, Mahmoud Ahmadinejad accuse ses ennemis traditionnels d'ingérence, notamment les États-Unis, la France ou le Royaume-Uni, voyant des "terroristes " à la manoeuvre.
Le rôle de l'Iran dans le conflit syrien
Il partage cette vision de la contestation avec un autre dirigeant voisin, Bachar al-Assad. Dès le début du soulèvement en Syrie, en mars 2011, Mahmoud Ahmadinejad se range aux côtés du dictateur. Pour lui, sa chute serait facteur de déstabilisation pour une région qui n'en a pas besoin.
Les déclarations favorables au régime en place se succèdent ; l'Iran entretient des liens étroits avec le Hezbollah libanais, un mouvement qui envoie ses hommes combattre aux côtés des soldats de Bachar. L'occident et les rebelles syriens en sont persuadés : l'Iran n'apporte pas qu'un soutien moral au régime syrien, il lui livre aussi des armes.
Mahmoud Ahmadinejad ne participera pas à l'élection présidentielle de ce vendredi ; il ne pouvait pas se représenter. Peut-être un mal pour un bien, tant sa victoire était loin d'être acquise.
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