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Irak : les djihadistes s'approchent de Bagdad

En Irak, les combattants islamistes ont pris le contrôle de la ville de Tikrit mercredi, à 160km de la capitale. Mardi, ils avaient pris le contrôle de Mossoul, où ils retiennent 48 ressortissants turcs, dont le consul de Turquie. La population fuit en masse sur les routes. Le chef de l'ONU appelle à la solidarité internationale.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (A Moussol mercredi © REUTERS)

Ils se rapprochent de plus en plus de la capitale, dans une offensive fulgurante. Après la prise de Mossoul mardi, les combattants islamistes ont progressé dans le nord de l'Irak le long du Tigre en direction de Bagdad, fondant sur la ville pétrolière de Baïji puis s'emparant mercredi de la ville de Tikrit, au prix de violents combats entre rebelles et soldats. Tikrit est la ville d'origine de Saddam Hussein. Les djihadistes ont ensuite progressé vers Samarra, à 110 km au nord de Bagdad, où ils ont été pour l'instant stoppés par les forces de sécurité.

Dans le même temps mercredi, une série d'attentats anti-chiites ont fait 37 morts à Bagdad et dans le centre et le sud du pays. Les attaques ont visé des quartiers de Bagdad, de la ville sainte chiite de Kerbala et des secteurs de la province de Bassora. Celle-ci était jusque-là relativement épargnée par les violences.

Exode de la population

A Mossoul, deuxième ville du pays, les djihadistes retiennent 48 ressortissants turcs au consulat de Turquie, dont le consul, ainsi que des enfants et des forces spéciales turques. Ils ont pris le pouvoir de la ville mardi, et  contrôlent les banques, les bâtiments officiels, la télé régionale, l'université.

 

Le drapeau de l'Etat islamique flotte sur les bâtiments officiels à Mossoul, les précisions de la correspondante de France Info Angélique Ferrat

 

Un demi-million d'Irakiens ont déjà fui Mossoul et la province dont elle est la capitale, Ninive, a déclaré mercredi l'Organisation internationale des migrations (OIM). Beaucoup se réfugient dans les villages alentours. Ils partent car ils ont peur, mais aussi et surtout parce que le Premier ministre irakien a donné 40 heures aux rebelles pour quitter la ville, après quoi elle sera bombardée.

 

Christiane Berthiaume est la porte-parole de l'organisation internationale pour les migrations, à Genève, elle décrit la situation à Mossoul

 

Le Parlement irakien se réunit jeudi

Le ministre irakien des Affaires étrangères, Hochiar Zebari, a appelé tous les dirigeants irakiens à s'unir face au péril "grave, mortel" que représente la progression des insurgés sunnites, déjà installés depuis le début de l'année dans des villes de la vallée de l'Euphrate comme Falloudja et Ramadi. A Bagdad, certains responsables évoquent une possible demande d'aide aux peshmergas, les combattants kurdes. Le gouvernement irakien a appelé le Parlement, qui se réunit jeudi, à décréter "l'état d'urgence ".

Les Etats-Unis, qui ont retiré leurs forces combattantes d'Irak fin 2011, plus de huit ans après avoir renversé Saddam Hussein, se sont engagés mardi à "fournir toute l'aide nécessaire au gouvernement irakien " pour "repousser cette agression ". Ils ont également promis mercredi d'aider les Irakiens déplacés par les combats.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé mercredi soir la communauté internationale à s'unir derrière l'Irak. "Le terrorisme n'a pas le droit de parvenir à défaire le chemin vers la démocratie tracé par la volonté du peuple irakien ", a-t-il estimé.

Le but des islamistes : restaurer un califat sunnite

L'objectif de ces hommes de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) est de restaurer un califat sunnite englobant une partie du territoire de la Syrie et de celui de l'Irak. Réputés pour leur rigorisme religieux et leur audace au combat, les hommes de l'EIIL se sont aussi implantés en Syrie à la faveur de la rébellion armée contre le président Bachar al-Assad. La prise de Mossoul renforce d'ailleurs leurs positions au niveau de la frontière syrienne. 

 

Cette guerre civile pourrait remettre en cause des états comme l'Irak ou la Syrie, selon Pierre-Jean Luizard, chercheur au CNRS, spécialiste de l'Irak

 

  (Les villes et zones contrôlées par les djihadistes en Irak et en Syrie © Idé)

 

 

 

 

 

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