L'Américain tué par une tribu isolée dans l'océan Indien voulait l'évangéliser
Selon son journal intime, ce projet était préparé de longue date et dans le secret, "au nom de Dieu". John Chau a été transpercé de plusieurs flèches.
Il se voyait comme un missionnaire. Le jeune protestant américain mort sous les flèches de la tribu d'une île indienne interdite d'accès souhaitait introduire le christianisme dans cette communauté coupée du monde moderne, selon son journal intime. Des extraits de ce document, et d'autres écrits, ont été révélés jeudi 22 novembre par sa mère à plusieurs médias, dont le Washington Post (article en anglais).
John Chau a tenté une première fois, le 15 novembre, d'accoster sur la petite île (47 km2) de North Sentinel, située dans la mer d'Andaman, dans le golfe du Bengale. Il a accosté et des habitants de la tribu implantée sur l'île se sont approchés. "Mon nom est John. Je vous aime et Jésus vous aime (...) Voilà du poisson !" aurait hurlé John Chau à deux autochtones armés. Il parvient alors à donner à un habitant de cette île, dont le visage est recouvert d'"une poudre jaunâtre", des cadeaux. Mais un enfant lui décoche une flèche qui se coince dans sa Bible. Il prend alors la fuite à la nage jusqu'au bateau de pêcheurs qui lui avait permis de s'approcher de l'île.
"JE NE VEUX PAS MOURIR !", note-t-il ensuite en lettres capitales dans son journal, visiblement sous le choc. "Je pourrais rentrer aux États-Unis car rester ici semble signifier une mort certaine." Finalement, il décide d'y "retourner" le lendemain. "Je vais prier pour que tout se passe bien", indiquent ses dernières lignes, écrites à 6h20 le 16 novembre, jour de sa mort.
"Vous pensez peut-être que je suis fou"
Selon son journal intime, ce projet était préparé de longue date et dans le secret, "au nom de Dieu". "Vous pensez peut-être que je suis fou de faire tout ça mais je pense que ça vaut la peine d'apporter Jésus à ces gens", écrit aussi John Chau à sa famille, dans une ultime lettre rédigée le matin même de sa mort. "Ce n'est pas en vain – les vies éternelles de cette tribu sont à portée de main et j'ai hâte de les voir adorer Dieu dans leur propre langue", dit-il en référence à des versets de l'Apocalypse (7, 9-10). Peu après avoir écrit ces lignes, l'Américain a débarqué sur la plage de l'île. Il n'en est jamais revenu.
Les pêcheurs ancrés au large, qui l'avaient illégalement transporté jusqu'à North Sentinel, l'ont vu recevoir une volée de flèches. Blessé, il a néanmoins continué de marcher vers les habitants de North Sentinel, avant de s'écrouler. Les îliens lui ont ensuite passé une corde autour du cou et ont traîné son corps. Selon le Washington Post, ils l'ont enterré sur la plage le lendemain.
Dans un message publié mercredi sur son compte Instagram, sa famille exprime sa "tristesse". "Pour les autres c'était un missionnaire chrétien", mais "il était un fils bien-aimé, un frère, un oncle et un meilleur ami pour nous". "Il n'avait que de l'amour pour le peuple des Sentinelles", écrivent aussi ses proches. Ils demandent par ailleurs que les pêcheurs arrêtés après sa mort soient libérés : "Il s'est aventuré sur cette île de sa propre volonté et ses sources locales n'ont pas besoin d'être persécutées à cause de ses actions."
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