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Inde : voir Bénarès et mourir…

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
Bénarès, l’une des plus vieilles villes du monde, aurait 5.000 ans. Edifiée sur les rives du Gange, elle est l’une des sept cités sacrées de l'hindouisme. Si des milliers de pèlerins s’y rendent chaque année pour vénérer Shiva, d’autres y viennent pour mourir et atteindre la «moksha», la libération de l’âme du cycle des réincarnations.

Historiquement, la ville possédait un réseau de petites maisons d'hôtes et d’hospices, souvent mis en place par de riches bienfaiteurs, pour que les gens pauvres puissent finir leurs jours dans ce lieu vénéré. Mais aujourd’hui, les bâtiments commerciaux les ont remplacés et les hôtels n’apprécient guère ces visiteurs malades et mourants.

Le photographe Danish Siddiqui a passé plusieurs jours en juillet 2014 au sein de «Mukti Bhavan», l’un des derniers édifices proposant d’accueillir ces voyageurs. Puis il a suivi le corps des défunts pour leur dernier voyage sur les bords du Gange.
 
Vingt photos illustrent ce propos 

est une auberge de charité créée dans les années 50. Elle accueille des Indiens en fin de vie et désireux de mourir à Bénarès. Cette «maison du salut» dispose de douze chambres, d'un temple et de petites pièces pour loger les prêtres. L’hébergement est gratuit. Seules l’électricité et la nourriture restent aux frais des pensionnaires. Les plus pauvres ne paient rien.
 
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui)
située dans une ruelle, est coincée entre deux magasins vendant des équipements audio. C’est l’une des dernières de ce type dans la ville. Car Bénarès comme le reste de l’Inde se modernise. Les prometteurs préfèrent construire pour les touristes.
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui)
quand le bâtiment appartenait, il y un siècle, à une riche famille de Bénarès. Aujourd’hui, les chambres disposées autour d'une cour sont défraîchies et nues.
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui)
le directeur, gère ce lieu depuis plus de 40 ans. «Alors que le reste du monde célèbre une nouvelle vie quand un enfant naît, de la même façon, ici, nous célébrons la mort», déclare-t-il. Près de 15.000 personnes venues de toute l’Inde mais aussi parfois des Etats-Unis ou d’autres pays sont venues mourir dans ce lieu.
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui)
de 30 à 70 personnes vivent leurs derniers jours ici. L’hébergement pour accueillir une personne en fin de vie et sa famille ne peut excéder quinze jours. Il est très exceptionnel que ce délai soit dépassé. Quand les gens viennent ici, ils savent que la mort est proche. Mais si la fin tarde à venir et qu’il n’y a plus de chambres disponibles, le directeur peut parfois prêter son bureau pour les derniers instants d’un résident. 
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui)
qui vivent ici se sont habitués au climat de mort constant qui règne à l’intérieur de ces murs.
 
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui)
dans la maison, les chants résonnent au son des clochettes, des tambours et de l’harmonium.
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui)
les quatre prêtres résidents allument des lampes. Ce lieu n’est pas là pour soigner mais accepter sa fin sans crainte. Ni médecins, ni infirmières, ni armoires à pharmacie ne viennent calmer la douleur des mourants. Le seul réconfort est apporté par les prières.
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui)
Kishore Pandey, un vieil homme âgé de 82 ans, est réconforté par les siens et un prêtre. Sa fille explique qu’il n’a pas peur de mourir. Elle n’est pas triste de le voir partir, car il a eu une longue vie. Elle se réjouit que le dernier souhait de son père, mourir à Bénarès, puisse être exaucé.
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui)
Il est accompagné par ses trois filles pour son dernier voyage. Dans l’hindouisme, quand les parents meurent, les derniers rites doivent être effectués par le fils aîné. Mais comme il n’y pas eu de garçons dans la famille, la fille aînée a pris le relais.
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui  )
Agé de105 ans, elle est veuve. Son mari est mort dans cette même auberge, il y a environ 18 ans. Elle désirait mourir au même endroit que lui.
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui)
le rôle des garçons est valorisé par rapport à celui des filles, ce sont de plus en plus souvent les femmes de la famille qui prennent soin des aïeux dans leurs derniers jours.
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui)
il n’était pas question de ne pas accompagner sa grand-mère. Alors que celle-ci pleure de douleur dans ses bras, il explique au photographe: «Ma grand-mère est la personne la plus précieuse pour moi. Je veux qu’elle meure dans mes bras.»
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui)
pour être disponible les derniers instants de sa mère qui vient de s’éteindre quelques minutes auparavant. C’est un soulagement pour elle. Il est souvent difficile pour les familles de rester trop longtemps éloignées de leurs villages. Quand l’agonie se prolonge trop longtemps, elles sont parfois obligées de ramener le mourant chez lui. Cela est alors vécu comme une honte. 
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui)
sont enveloppés dans un tissu coloré puis placés sur un cadre de bambou. Des bénévoles les transportent à travers les rues étroites de la ville jusqu’aux rives du Gange, où ils seront brûlés.
 

  (REUTERS / Danish Siddiqui)
travaillent sur les sites de crémation. Le bois de santal coûte cent fois plus cher que celui de manguier. Et le prix de la cérémonie varie en fonction de l’espèce utilisée, du parfum qu’elle dégage en brûlant et de la quantité nécessaire : entre 200 et 500 kilos par personne.
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui)
le corps est immergé dans les eaux sacrées du Gange. Peu importe pour les Indiens que celles-ci soient de plus en plus souillées par les déchets industriels, les eaux usées et les abattoirs.
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui)
les marches du Gange, pour y sécher avant d’être enveloppée dans un linceul blanc puis installée sur un bûcher.
 

  (REUTERS / Danish Siddiqui)
la foule s’amasse près du fleuve sur Dashashwamedha Ghât pour célébrer la Puja, une cérémonie en l'honneur de Ganga, la divinité du Gange.
 
 (REUTERS / Danish Siddiqui)
Les familles (excepté les femmes) et parfois des touristes, assistent aux crémations sur une quinzaine de bûchers crématoires qui brûlent 24h/24.


 

 
  (REUTERS / Danish Siddiqui)

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