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"Ce sera de toute façon un exploit technologique" : l'Inde va tenter de poser une sonde sur la Lune

L'Inde est sur le point de poser une sonde sur la surface de la Lune. Si la mission Chandrayaan-2 réussit, le pays sera le quatrième à fouler le sol lunaire. Il s'agirait même d'une avancée scientifique car la zone où le robot doit atterrir n'a jamais été explorée auparavant.

Article rédigé par franceinfo - Édité par Cyrille Ardaud
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La fusée transportant la sonde lunaire lors de son décollage à Sriharikota (Inde) le 22 juillet dernier. (INDIAN SPACE RESEARCH ORGANISATION / AFP)

L'Inde s'apprête à vivre un moment historique. Samedi 7 septembre entre 01h30 et 02h30 du matin heure indienne (vendredi entre 20 heures et 21 heures GMT), l'Organisation indienne pour la recherche spatiale va tenter de faire atterrir sur la Lune une sonde inhabitée. 

Mais poser l'atterrisseur Vikram de la mission Chandrayaan-2 est une manoeuvre extrêmement risquée. "Se poser sur un autre corps céleste, même si c'est la Lune, c'est toujours périlleux", observe Philippe Henarejos, le rédacteur en chef de la revue Ciel et espace. "On passe d'une vitesse de plusieurs milliers de km/h à une vitesse de quasiment zéro. En même temps il faut garder le cap, éviter les obstacles, et trouver un endroit plat où se poser. C'est compliqué."

Le rover aura peut-être parcouru quelques dizaines ou centaines de mètres

Philippe Henarejos

Une fois passé ce quart d'heure dit "de la terreur", et la sonde posée sur le sol lunaire, la mission sera loin d'être terminée. Un robot de petite taille doit être libéré sur la Lune. "C'est surtout un instrument de technologie. Les Indiens vont apprendre, si tout se passe bien, à se déplacer à distance sur un autre corps céleste", détaille Philippe Henarejos. "Il est doté d'une autonomie assez courte, il a quelques panneaux solaires. Dans deux semaines, le rover cessera de fonctionner et il aura peut-être parcouru quelques dizaines ou centaines de mètres."

Si l'Inde réussit cette expédition, le pays entrera dans le groupe très fermé des nations qui ont réussi à se poser sur la Lune. Seuls l'Union soviétique, les États-Unis et la Chine y sont parvenus. Il y a quelques mois, en avril 2019, Israël avait manqué l'alunissage de sa sonde Beresheet, qui s'était écrasée, victime d'une série de défaillances techniques lors de sa descente.

Une zone de la Lune encore inexplorée

Cinquante ans après le premier pas sur la Lune, l'Inde est en passe de réussir une véritable prouesse. La sonde doit se poser à une haute latitude sud, c'est à dire assez proche du pôle sud de la Lune. "Personne ne s'y est jamais posé", analyse le rédacteur en chef de Ciel et espace. "C'est une orbite un peu bizarre, un peu inconnue et ça sera de toute façon un exploit technologique d'arriver à poser cette sonde sur la Lune."

En ne s'intéressant à l'exploration spatiale que depuis quelques décennies, l'Inde a pris la fusée en marche. Mais le pays redouble d'efforts. Il s'est doté de lanceurs et bénéficie donc d'un accès indépendant à l'espace, sans dépendre de la Nasa ou d'une société privée comme SpaceX. Il y a une dizaine d'années, les Indiens s'étaient approchés de la Lune avec la mission Chandrayaan-1. Une sonde avait été mise en orbite autour de la Lune pendant deux ans pour la cartographier. "Les Indiens avancent pas à pas, ils n'ont pas les moyens de la Nasa. Mais avec un budget finalement assez serré, beaucoup plus serré que celui de la Nasa, le rapport qualité-prix n'est pas si mal" détaille Philippe Henarejos.

C'est une étape sans doute indispensable avant de se lancer dans des projets plus ambitieux

Philippe Henarejos

Depuis quelques années, il semblerait que le satellite naturel de la Terre suscite de nouveau un vif intérêt. La Nasa pourrait renvoyer des astronautes sur sa surface d'ici 2024. Ce n'est pas étonnant, selon le rédacteur en chef de Ciel et espace : "Même si c'est compliqué d'envoyer des hommes sur la Lune, c'est incommensurablement plus proche que Mars ou que certains astéroïdes. En cas de problème, on peut revenir en quelques dizaines d'heures. C'est une étape sans doute indispensable avant de se lancer dans des projets plus ambitieux et plus aléatoires, pour lesquels il manque encore beaucoup de choses à développer."

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