Homosexualité : l'Ouganda durcit sa répression
"L'éducation étant la principale source de l'homosexualité,
alors la société peut faire quelque chose pour décourager les tendances. C'est
pourquoi j'ai accepté de promulguer la loi. " Tels sont les mots du
président ougandais, à l'annonce de la promulgation de la loi qui durcit la
répression de l'homosexualité en Ouganda. Il avait initialement renoncé à
le faire, déclarant que les homosexuels sont "malades ", et
qu'il est "mal de punir une personne parce qu'elle est anormale. "
Mais le président Museveni a changé d'avis. Convaincu par
des "scientifiques" pour qui l'homosexualité est "comportementale,
pas génétique ", le chef de l'Etat ougandais a tout de même renoncé à des
dispositions qui tendaient à établir la peine de mort en cas de
récidive, en cas de rapport avec un mineur ou pour qui se savait porteur du VIH. Selon Amnesty International, auteur d'un rapport sur la criminalisation de l'homosexualité en Afrique en juin dernier, l'adoption de cette loi "marque un épisode très
grave de l'histoire du pays". David Bahati, l'auteur de la loi, a pour sa
part déclaré : "C'est le moment que le monde attendait. "
L'Ouganda affaiblit sa position sur la scène internationale
Barack Obama avait déjà fait état, au moment de l'adoption
de la loi par le parlement ougandais, de ses préoccupations quant au sort de la
communauté gay de l'Etat africain. Washington a aujourd'hui déclaré que la loi
anti-homosexuels allait "compliquer ses relations " avec Kampala et fait
part de ses interrogations sur "la conformité de la loi avec la
Constitution de l'Ouganda et ses obligations internationales ". Pour Susan Rice, ancienne ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU et actuelle conseillère de Barack Obama, c'est un "triste jour pour l'Ouganda et le monde".
Plusieurs
ONG ont également appelé les partenaires de l'Ouganda à rediriger leurs aides vers d'autres
pays. Un appel que les Pays-Bas ont déjà mis en oeuvre, tout comme le Danemark qui affirme rediriger 6,3
millions d'euros qui étaient initialement destinés à l'Ouganda.
Yoweri Museveni a prévenu : "Les étrangers
ne peuvent pas nous donner des ordres. C'est notre pays. " Ce dimanche, l'archevêque
sud-africain Desmond Tutu, prix Nobel de la paix, avait appelé le président
Museveni à renoncer à la loi, dénonçant une pénalisation de l'amour entre
adultes consentant qui lui rappelle le nazisme ou l'apartheid. "Mon appel au
président Museveni est d'utiliser le débat dans son pays sur la loi contre l'homosexualité
comme un catalyseur pour renforcer la culture des droits de l'homme et de la
justice en Ouganda. "
Homosexualité en Afrique : réprimée par 38 Etats sur 54
En 2011, David Kato, figure de la lutte pour les droits des
homosexuels au Cameroun, avait été tué chez lui suite à la parution d'un
article dans un magazine. Son nom, avec d'autres, paraissait dans une liste au dessus
de laquelle était écrit : "Pendez-les".
Près des trois quarts des pays africains considèrent l'homosexualité
comme un crime ou un délit. Passible de la peine de mort en Mauritanie, au
Soudan et en Somalie, elle l'est de 14 ans de prison au Nigéria depuis le 13
janvier 2014. Au Sénégal, le président Macky Sall a "exclu totalement "
sa dépénalisation en avril 2013.
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