Tsipras, le maître es domino
Première réaction: il ne ressemble à aucun homme politique français. D’une grande simplicité, s’exprimant sans excès de langage dans un anglais assez fluide. A ses côtés se trouvait le Président de la Gauche européenne, Pierre Laurent, un homme du même tonneau. Car, contrairement à ce que cherche à faire croire Jean-Luc Mélenchon, l’ami français d’Alexis Tsipras ce n’est pas lui. Incompatibilité d’humeur, semble-t-il…
Deuxième réaction : Alexis Tsipras me semble beaucoup plus modéré dans ses propos que ce que l’on attend d’un politique situé très à gauche sur l’échiquier. Exemple : une pique contre les armateurs qui ne paient pas d’impôts en Grèce mais rien sur le clergé orthodoxe qui n’en paie pas non plus. Il rappelle que c’est le clergé qui nourrit et héberge la masse grandissante de déshérités qu’un état devenu squelettique ne protège plus. Autre exemple : la zone euro ? Pas question d’en sortir.
En réalité, Alexis Tsipras n’a rien d’un homme modeste. Ainsi son ambition ne s’arrête pas à la Grèce. Comme nous l’a dit George Katrougalos, député européen du parti Syriza, au cours d’un déjeuner organisé par l’association de journalistes Europresse, Tsipras a bien l’intention de réformer totalement l’architecture de la zone euro… Il discute d’ailleurs depuis un certain temps à ce sujet avec les responsables de la Commission et de la BCE. Ambitieux non ?
Il souhaite également donner un grand coup de pied dans l’alliance entre les Socio-démocrates européens et la droite européenne. Responsables, selon lui, de cette austérité mortifère qui s’est abattue sur l’Union européenne. Seuls les gouvernements socialistes français et italiens lui semblent fréquentables car ils ont tous les deux critiqués les « diktats » budgétaires de la Commission et des Allemands. Des Allemands qu’il ne porte manifestement pas dans son cœur.
L’ambition de Tsipras ne s’arrête pas là. Il rêve que son arrivée au pouvoir déclenche un effet domino en Europe. Après Syriza en Grèce, Podemos en Espagne lors des prochaines élections générales.
Mais, remarque Georges Katrougalos, « Quelle force politique va donner la parole au peuple ? Extrême gauche ou extrême droite ? Voilà le véritable enjeu pour l’Union européenne. » La question se pose effectivement. Le parti nationaliste britannique UKIP grimpe dans les sondages quelques mois avant les élections générales.
Et en France le Front national connait la progression que l’on sait. A ce propos, Marine Le Pen affirme être proche de Syriza et Tsipras nie être proche du FN. « Nos positions sur l’immigration n’ont rien à voir » affirme le parti grec. Sur le fond les positions sont effectivement très lointaines. Mais ils ont quand même un point commun. Pas très connu. Marine Le Pen et Alexis Tsipras ont tous les deux été reçus par Vladimir Poutine à Moscou….
Véronique Auger
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