La Macédoine: salades autour d'un nom
Depuis 1991, date de son indépendance, Skopje refuse de changer de nom. Athènes, pour qui ce nom fait exclusivement partie du patrimoine hellénique, s’insurge. Bilan : une situation grippée avec la Grèce qui bloque son adhésion à l’Otan et à l’Union européenne (bénéficie du statut de candidat à l'Union européenne depuis 2005). Plus de 130 pays ont pourtant reconnu la République de Macédoine, admise à l'ONU en 1993 sous son nom provisoire d’ARYM, acronyme d'Ancienne République Yougoslave de Macédoine (FYROM en anglais).
Plusieurs litiges entre les deux pays
La Cour internationale de justice (CIJ) a bien estimé le 5 décembre 2011 que la Grèce «ne s'est pas conformée» à ses obligations en s'opposant à l'adhésion de la Macédoine à l'Otan au prétexte qu'un nom lui convenant n'avait pas encore été trouvé, mais pour l’heure il ne s’agit que d’une avancée.
Ce litige entre les deux pays ne se résume pas à une seule histoire de propriété toponymique mais porte aussi sur la minorité macédonienne de Grèce : Athènes craint qu'une reconnaissance internationale de son voisin ne s'accompagne d'une revendication territoriale sur son sol.
A Skopje, le très nationaliste et conservateur Premier ministre Nikola Gruevski est aux manettes du gouvernement depuis 2006. Ce quadragénaire qui promeut l'identité macédonienne a été jusqu’à présent plébiscité dans les urnes. Il a promis de trouver des solutions à la crise économique, à la corruption et surtout de régler le différend avec la Grèce.
Film promotionnel sur la rénovation de Skopje
Les héros de l’antiquité, que chaque pays revendique comme faisant partie de son patrimoine national, sont d'autres points de crispation de part et d'autre de la frontière. Alexandre le Grand est de ceux-là. Une statue le représentant trône en plein centre de Skopje depuis le 8 septembre 2011. Son inauguration fut le point d'orgue des festivités marquant le 20e anniversaire de l'indépendance. Mais, si personne ne se trompe au vu de la ressemblance entre l’œuvre et le modèle, le bronze de 30 tonnes s’intitule sobrement Guerrier à cheval.
Si le passé grec fantasmé de son pays fait recette auprès d’une partie des Macédoniens d'origine slave - ils sont 64% -, il ne satisfait guère les 25% de la population d'origine albanaise, qui s’est soulevée en 2001 pour réclamer une meilleure représentation dans le pays.
La statue fait partie d'une rénovation du centre ville historique dévasté par un séisme en 1963. Initialement chiffrée à quelque 80 millions d’euros, son financement pourrait largement dépasser les 200 millions aujourd’hui. Une note salée dans un pays où plus de 30% des deux millions d’habitants est au chômage, où le salaire moyen avoisine les 350 euros et où au moins un tiers vit sous le seuil de pauvreté.
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