GrĂšce: Yanis Varoufakis, un Ă©conomiste au style atypique
Un doigt, justement, symbolise le niveau d'incomprĂ©hension qui a envenimĂ© les relations entre Yanis Varoufakis et les Allemands. Une vidĂ©o le montrant faisant un doigt d'honneur a fait le tour du monde, accrĂ©ditant cette mĂ©fiance entre Grecs et Allemands. Or, semble-t-il, elle Ă©tait le fruit d'un trucage. Il faut dire qu'entre temps, il Ă©tait devenu la bĂȘte noire des conservateurs europĂ©ens.
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â Alexaussedat (@alexaussedat) June 21, 2015
Rarement ministre de l'Eurogroupe a été autant critiqué, voire insulté. Avec son crùne rasé, ses chemises sans cravate sortant du pantalon, Yannis Varoufakis détonne dans le cercle étroit des ministres des Finances. Contrairement à ses homologues, il a le verbe facile et continue à twitter tout en étant ministre et à alimenter son  blog.
Un blog sur lequel il rend compte de ses interventions devant ses collĂšgues de lâEurogroupe, alors que le secret semble de mise dans ces conclaves (voir ainsi son discours lors du dernier Eurogroupe).
Il n'hésite pas non plus à se mettre en scÚne, quitte à le regretter par la suite. Il a ainsi posé dans Paris Match.
Economiste devenu ministreÂ
Mais Yannis Varoufakis nâest pas que ministre. Il est aussi Ă©conomiste, et mĂȘme un Ă©conomiste rĂ©putĂ©. Aux yeux de Christian Arnsperger, chercheur FNRS Ă la Chaire Hoover et professeur Ă lâUniversitĂ© de Lausanne, qui est loin dâĂȘtre seul Ă ĂȘtre de cet avis, «Yanis Varoufakis, ĂągĂ© de 54 ans, est lâun des Ă©conomistes "anti-nĂ©oclassiques" les plus brillants de sa gĂ©nĂ©ration».
Elu dĂ©putĂ© Syriza en janvier 2015, il devient ministre des Finances du gouvernement Tsipras.Â
Sur le plan idĂ©ologique, le ministre, qui continue Ă utiliser sa moto et nâhĂ©site pas Ă jouer des mĂ©dias, est loin dâĂȘtre un dangereux gauchiste, mĂȘme sâil aime Ă se dire «marxiste occasionnel ou libertaire».Â
Pourtant, dans son action et ses propos, Varoufakis se montre un Ă©conomiste classiquement keynĂ©sien. Pour preuve, il est l'auteur avec Stuart Holland et James K.Galbraith de Modeste proposition pour sauver la zone euro, qui a Ă©tĂ© prĂ©facĂ© en France par Michel Rocard. Dans ce livre, ils proposent «de financer par un outil financier commun des travaux d'infrastructures permettant un rattrapage des pays les moins dĂ©veloppĂ©s».Â
A propos de la crise grecque, il estime que la dette grecque est insoutenable et que la politique dâaustĂ©ritĂ© imposĂ©e Ă son pays est contre-productive. Ce que quasi tous les Ă©conomistes affirment. «Ce qu'ils sont prĂȘts Ă te donner, ce sont des cordes pour te pendre (extension, rĂ©Ă©chelonnement plus souple des paiements). Tu dois les refuser et demander Ă la place une Ă©chelle sur laquelle ils pourront eux aussi grimper», avait-il Ă©crit Ă son prĂ©dĂ©cesseur de droite. Aujourdâhui, gouverneur de la banque de GrĂšce rappelait Le Monde.
«La GrĂšce nâa rien Ă perdre»
«En 2010, la GrĂšce s'est retrouvĂ©e en faillite, expliquait-il au Monde la veille du scrutin lĂ©gislatif. Et l'Europe a prĂ©tendu que ce n'Ă©tait pas le cas et qu'il s'agissait d'un problĂšme de liquiditĂ©s. l'Europe a mis en place le plus grand prĂȘt de l'Histoire Ă un pays en faillite, en nous demandant de faire des coupes budgĂ©taires. Cela ne pouvait pas bien se finir.»
Une position sur laquelle il n'a jamais variĂ©, malgrĂ© toutes les concessions qu'il a prĂ©sentĂ©es devant les «institutions», Ă savoir les crĂ©diteurs du pays. Yanis Varoufakis dĂ©fend l'idĂ©e d'une solidaritĂ© interne qui serait le pendant logique du pacte budgĂ©taire. Ses idĂ©es sont Ă©videmment Ă l'exact opposĂ© de celles de Wolfgang SchĂ€uble et de sa vision morale de l'Ă©conomie. Yanis Varoufakis dĂ©fend une vision pragmatique et rĂ©aliste, notait Romaric Godin dans La Tribune. Journal dans lequel il disait avant d'ĂȘtre Ă©lu: «La GrĂšce nâa rien Ă perdre.»Â
Il avait rĂ©ussi Ă se rendre insupportable aux yeux de ses collĂšgues europĂ©ens. Au point que pour arranger les choses, Alexis Tsipras l'avait un temps mis sur la touche lors des sĂ©ances de nĂ©gociations. Il avait alors donnĂ© son opinion, citant Roosevelt, en pleine politique du New Deal, via un tweet dont voici la traduction «Franklin Delano Roosevelt, 1936: "Ils sont unanimes de leur haine pour moi, et je salue leur haine." Une citation proche de mon cĆur (& de la rĂ©alitĂ©) ces jours-ci.»
FDR, 1936: "They are unanimous in their hate for me; and I welcome their hatred." A quotation close to my heart (& reality) these days
â Yanis Varoufakis (@yanisvaroufakis) April 26, 2015
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Varufakis ha ido a pie desde el misterio de economĂa hasta la sede del primer ministro entre vĂtores de la gente pic.twitter.com/8jZo59WzTU
â Irene Hdez. Velasco (@IreneHVelasco) June 28, 2015
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