Grèce : retour à l’âge du feu ?
Les autorités grecques ont saisi en 2012 quelque 13.000 tonnes de bois coupé illégalement dans des forêts en Grèce. A l’origine de cette ruée sur le bois, la crise qui incite les Grecs à réutiliser leurs cheminées pour alléger leur facture énergétique.
La décision d'aligner depuis octobre la taxation du fioul domestique ─ jusque là épargné pour raisons sociales ─ sur celle de l'essence, en vue de remplir les caisses vides de l'Etat, frappe de plein fouet les ménages grecs, épuisés par trois ans d'austérité. Le prix du fioul est passé de 95 centimes à 1,35 euro le litre et «sa consommation aurait baissé de 75%», selon la correspondante du Figaro en Grèce, Alexia Kéfalas.
Dans un pays où les forêts ne sont pas légions (à l’exception du nord) et sont déjà victimes de nombreux incendies, cette déforestation sauvage ne va pas sans poser des problèmes. «Les braconniers viennent avec de gros camions remorques et coupent tout ce qu'il peuvent, explique le garde forestier de Kilkis dans le nord du pays, Eftimios Politidis. Ils n'ont peur de rien, ils savent que nous sommes en sous-effectifs», rapportait La Tribune en novembre 2012. Même les arbres du mont Olympe ont été victimes de coupes sauvages.
Les plaintes ont beau se multiplier, plus de 3000 selon Athènes, les arbres sont victimes de cette chasse à la chaleur pas chère.
«C'est la nécessité qui est mere de l'invention»
Alors que l’économie grecque connaît sa sixième année de récession, les Grecs souffrent du froid. On ne compte plus les habitants qui ont renoncé à acheter du fioul pour chauffer leurs immeubles. Avec parfois des conséquences dramatiques. Le journal grec ekathimerini raconte que trois enfants sont morts le mois dernier dans le nord du pays dans la maison de leurs grands parents qui avaient abandonné le chauffage au fioul pour revenir au bois.
Les conséquences sur l’environnement sont visibles. Résultat, les autorités étudient des mesures pour lutter contre la pollution atmosphérique dans les grandes villes, Athènes et Salonique, où la hausse de l'utilisation du chauffage au bois a récemment fait apparaître une brume, surtout le soir, composée de particules polluantes et dangereuses. Cette pollution est devenue visible, comme l’était le «néfos» qui a fait pendant des années suffoquer la capitale grecque.
Dernière victime en date de ce retour à l’âge du bois : à Athènes, les pousses de l’olivier millénaire sous lequel, selon la légende, enseignait Platon au 4e siècle avant notre ère, auraient été volées pour terminer dans une cheminée. Qu'en penserait-il aujourd'hui, lui qui disait (sous son arbre ?): «C'est la nécessité qui est mere de l'invention»...
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