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Zone Euro : la France stagne, l’Allemagne recule…et la déflation menace

Seul réconfort pour François Hollande, sur la croissance, l’Allemagne fait pire que la France au second trimestre 2014. Si la croissance française est à nouveau nulle, celle de l’Allemagne est en recul de 0,2% sur le trimestre (après un premier trimestre en hausse de 0,7%). Ces mauvais chiffres s’ajoutent à des indices des prix qui confirment les tendances déflationnistes. Ce qui n'est jamais bon.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Croissance atone en Europe, notamment en raison du commerce extérieur. Au Japon, la hausse de la TVA a plombé le PIB. (KAZUHIRO NOGI / AF)

Décidément, l'Europe a du mal à renouer avec la croissance. Les deux premières économies de l'UE, l'Allemagne et la France, affichent des croissances en berne. Et il n'est pas sûr que le climat international permette une amélioration de la situation. 

Mauvais chiffres en Allemagne
Le PIB de l'Allemagne a reculé de 0,2% (sur un an) au deuxième trimestre. Les économistes s'attendaient à un recul, mais les estimations tablaient sur un recul de 0,1% après un début 2014 en fanfare.  En effet, l'Allemagne avait affiché un PIB en hausse de 0,8% au premier trimestre, chiffre ramené à 0,7%, grâce à une météo clémente.

La baisse de l’activité au cours du deuxième trimestre tient en grande partie aux mauvaises performances du commerce extérieur. Alors même qu’il est encore trop tôt pour y voir un éventuel impact de l’embargo décrété à l’encontre de la Russie, la progression des exportations a été «inférieure» à celle des importations, explique Destatis (l'Insee allemand). Le recul est aussi imputable à une baisse des investissements.

L'institut de la statistique allemand se montre toutefois rassurant: «l'économie allemande a certes perdu en dynamique, mais elle pourrait encore redémarrer».

La semaine dernière, c'est l'Italie qui avait poursuivi sa récession avec l'annonce d'une baisse de 0,2% du PIB après celle de 0,1% enregistrée sur janvier-mars. L’effet Renzi semble se faire attendre…

En Finlande, le PIB trimestriel a cru de 0,1% (après des années 2012 et 2013 en recul). Aux Pays-Bas, le PIB a cru de 0,5%. Il a aussi été positif au Portugal.
 
La zone euro a vu son produit intérieur brut (PIB) stagner au deuxième trimestre, après avoir progressé de seulement 0,2% au trimestre précédent, a indiqué jeudi l'office européen des statistiques Eurostat. C'est une importante déception: les analystes tablaient sur une croissance de 0,2% au deuxième trimestre, au même rythme qu'en début d'année. 0,2%, c'est la progression de l'ensemble du PIB européen (zone euro et zone non euro).

C'est ainsi qu'en dehors de la zone euro, le Royaume-Uni continue de tabler sur une croissance annuelle  de 3,4%...

Stagnation en France et déficit en hausse
En France, pas de recul, mais pour le deuxième trimestre de suite la croissance est restée nulle. Un mauvais résultat qui rend les prévisions du gouvernement intenable. Michel Sapin admet que la croissance n’atteindra sans doute que 0,5 % cette année. Et ne sera sans doute pas «très supérieure à 1 %» en 2015. Le déficit public français dépasserait 4% du PIB cette année, au lieu des 3,8% espérés auparavant, a reconnu le ministre des finances, dans une tribune publiée jeudi par Le Monde. En effet, la croissance faible diminue les recettes fiscales, sans permettre de réduire les dépenses sociales.

La faible inflation, elle, a pour conséquence que la TVA, première source de financement de l'Etat, ne rentre pas au rythme espéré, puisqu'elle est calculée en pourcentage des prix de vente.

Quelle politique pour l’Europe ?
Les économistes n'ont évidemment pas les mêmes analyses sur les solutions à apporter pour relancer la croissance en Europe. Entre ceux qui continuent à prôner des «réformes» (de structure ou du marché du travail) ou la continuation de la réduction de la dette, et ceux qui veulent des politiques de relance ou des décisions de la Banque centrale, les options sont larges. 

«Il faut espérer que ces difficultés achèvent de convaincre les dirigeants allemands de l'urgence d'arrêter enfin les politiques contre-productives de baisse du coût du travail et de restrictions budgétaires excessives qui minent la demande intérieure en Europe tout en empêchant en réalité le désendettement public. Malheureusement, on ne doit pas cependant sous-estimer la capacité d'aveuglement et de persistance dans leurs croyances erronées des intégristes... », estime pour sa part Guillaume Duval, d’Alternatives économiques sur son site Facebook.

Même le patron de la BCE se montre un brin pessimiste. «Si l'on veut détecter un signe dans les données publiées ces deux-trois derniers mois, on peut dire qu'il y a eu un ralentissement dans la dynamique de croissance», a reconnu Mario Draghi.

Dans un contexte de quasi-déflation (les prix ont baissé en France, mais aussi en Espagne, au Portugal ou en Grèce), la BCE semble attendre de voir le résultat de ses dernières décisions, avant d'envisager de nouvelles mesures.

#Japan The negative VAT shock on internal demand was brutal-Will Japan and the Abenomics be able to absorb it? pic.twitter.com/XukI0qUqVQ

Résultat, certains analystes rapprochent la situation de l'Europe de celle qu'a connu le Japon avec une longue absence de croissance. Ainsi, pour Joachim Fels, analyste de Morgan Stanley, «la zone euro est en voie de japonisation». 

Au Japon, justement la hausse de la TVA, le 1er avril 2014, a provoqué la plus forte contraction de l'activité économique depuis le séisme et le tsunami de mars 2011 à Fukushima (Japon), montrent les statistiques officielles. Le relèvement de trois points du taux normal de TVA a plombé la consommation des ménages avec, pour conséquence, une chute de 6,8% en rythme annualisé du produit intérieur brut sur le trimestre avril-juin, qui a totalement effacé la croissance de 6,1% enregistrée sur les trois premiers mois de l'année.  

En Chine, la croissance industrielle a baissé, mais le PIB est toujours sur une croissance de 7,4-7,5%. Un chiffre qui ferait rêver l’Europe mais qui est loin des 10% de certaines années. Bref, il n'est pas sûr que la solution vienne de l'extérieur de l'Europe.

Résultat, certains reparlent de la possibilité d'une économie sans croissance. Le vice président de la Fed (banque centrale américaine) évoquait ainsi récemment une croissance américaine limitée à 2% sur le long terme. 

Croissance 0,0 en France. Recul de 0,2 en Allemagne. Recul de 1,6 au Japon... Si on ouvrait enfin les yeux et Plan B ? pic.twitter.com/uIF3KXiiZk


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