: Vidéo "Où est-ce qu'on pourrait aller ?" On a rencontré les habitants d'un village roumain enfoui sous les boues rejetées par une mine de cuivre
Dans le nord-ouest de la Roumanie, l'exploitation minière a provoqué l'engloutissement d'un village entier sous les déchets liés à cette activité. Franceinfo est allé sur place pour rencontrer ceux qui vivent encore au bord de "lac".
C'est un spectacle aussi saisissant qu'effrayant. A Geamana, dans une région montagneuse du nord-ouest de la Roumanie, se trouve un lac multicolore, oscillant entre le rouge ocre, le blanc laiteux et le vert turquoise. Ce phénomène n'a rien de naturel, puisque cette retenue d'eau n'est pas un vrai lac, mais un bassin de décantation des déchets issus de l'exploitation minière installée dans les années 1980. Et au milieu de ce lac, on distingue le toit d'une église, seule trace de l'ancien village lentement recouvert par le stérile minier, une boue acide rejetée par la mine de cuivre.
>> Bienvenue à Geamana, un village enseveli au fond d'un lac poubelle
La boue est transportée de la mine de cuivre jusqu'au bassin par des tuyaux. A cette boue grise s'ajoute une eau rouge : c'est l'eau de pluie qui s'est chargée en métaux lourds en traversant les décharges de résidus miniers. La matière blanche, elle, est en fait de la chaux déversée dans le lac par la compagnie minière pour contrer l'acidité de ses déchets. Une fois traitée de cette façon, l'eau devient bleue ou verte, puis elle est prélevée du bassin pour être déversée dans l'Aries, la rivière voisine.
"On reste ici jusqu'à la fin"
Les habitants de Geamana ont bien été incités à quitter le village et nombreux sont ceux qui ont choisi l'exil. Mais certains ont préféré rester sur place, démontant leurs maisons pour les remonter sur les hauteurs. Et les derniers irréductibles rencontrés par franceinfo voient le niveau du bassin poubelle monter inexorablement, restant impuissants face à la menace de pollution. "Environ un mois après avoir enterré mon mari, l'eau est montée et elle est passée par-dessus le muret en pierre, jusque dans la cave, raconte Valeria, sexagénaire qui refuse de quitter son village natal et qui a fait déplacer sa maison. Où est-ce qu'on pourrait aller ? On n'a pas d'argent. Il faudrait un milliard ! Je vais trouver ça comment ? Grâce à mes poules ? A un agneau ? Où aller ? On reste ici jusqu'à la fin."
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