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Parlement européen : vice-présidente, ancien eurodéputé, assistant... Qui sont les personnes soupçonnées d'être corrompues par le Qatar ?

La justice belge enquête sur des versements qatariens visant à influer les décisions de l'institution européenne. L'élue grecque Eva Kaili figure parmi les quatre personnes écrouées.
Article rédigé par franceinfo
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La vice-présidente grecque du Parlement européen, Eva Kaili, le 7 décembre 2022 à Bruxelles (Belgique). (ERIC VIDAL / EUROPEAN PARLIAMENT / AFP)

L'affaire secoue la sphère européenne. La vice-présidente grecque du Parlement européen, Eva Kaili, a été inculpée pour "corruption", dimanche 11 décembre, à Bruxelles (Belgique). L'eurodéputée socialiste a été écrouée dans le cadre d'une enquête de la justice belge portant sur de gros versements qu'aurait effectués le Qatar pour influencer des décisions au sein de l'institution européenne. Outre Eva Kaili, trois autres personnes ont été incarcérées hier, selon une source judiciaire à franceinfo. Voici ce que l'on sait de leur profil.

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Eva Kaili est la personnalité la plus connue et la plus visible de cette affaire. L'ex-présentatrice de télévision de 44 ans, membre du Parti socialiste grec Pasok, siège au Parlement européen depuis 2014. Elle avait été élue vice-présidente de l'institution en janvier 2022. Connue des Grecs, elle a présenté le journal télévisé sur une chaîne privée de 2005 à 2007, avant d'être élue députée au Parlement national la même année, rapporte TV5 Monde.

Une élue chargée de développer les relations avec les pays du Golfe

Son arrestation met en lumière ses relations avec les pays du golfe et notamment le Qatar. Eva Kaili était en effet membre de la délégation du Parlement visant à développer les relations de l'Union européenne avec la péninsule arabique. Elle s'était d'ailleurs rendue au Qatar cette année dans ce cadre. Elle y avait salué, en présence du ministre qatarien du Travail, les réformes de l'émirat dans ce secteur, comme en témoignait un tweet de Cristian Tudor, l'ambassadeur de l'UE au Qatar. Puis, dans l'Hémicycle, le 22 novembre, elle avait estimé que l'émirat était "un chef de file en matière de droit du travail" et jugé que les Européens "n'avaient aucun droit moral de lui faire la leçon", suscitant des remous dans l'assemblée.

Après l'annonce de son arrestation, l'élue a été immédiatement écartée par son parti, duquel elle était de fait "en rupture" depuis plusieurs mois, rapporte Le Monde. Eva Kaili avait ainsi estimé en 2019 que "les allocations sont pour les fainéants", une ligne rouge pour le parti de centre-gauche. Son implication dans cette affaire a fait réagir de nombreux élus du Parlement. "Je crains maintenant de comprendre..." a réagi Pierre Karleskind sur Twitter, faisant référence à un tweet datant de novembre, dans lequel ce libéral s'interrogeait sur le refus initial des socialistes européens de voter une résolution condamnant le Qatar et la Fifa.

Trois autres personnes incarcérées

Parmi les trois autres personnes incarcérées figurent Francesco Giorgi, assistant parlementaire et compagnon de l'eurodéputée grecque, ainsi que l'ancien eurodéputé italien Pier-Antonio Panzeri, et une quatrième personne dont l'identité n'a pas été révélée.

L'Italien Francesco Giorgi, ex-assistant parlementaire d'un eurodéputé social-démocrate italien, est spécialiste des questions de droits humains et des affaires étrangères au Parlement. Il est d'ailleurs en couple avec Eva Kaili depuis cinq ans, avec laquelle il a une fille de deux ans, rapporte TV5 Monde.

Pier Antonio Panzeri, 67 ans, fut eurodéputé socialiste italien de 2004 à 2019. Il est le fondateur de l'ONG Fight Impunity qui vise à lutter contre l'impunité en cas d'atteinte aux droits humains et "spécialisé dans les relations avec le Maghreb et le Proche-Orient", explique Libération. Son ex-femme et sa fille ont été arrêtées par la police italienne à Bergame, selon Politico (en anglais).

Egalement arrêté, le dirigeant syndical Luca Visentini a été libéré sous conditions, d'après les informations du quotidien belge Le Soir. Elu à la tête de la Confédération syndicale internationale le 21 novembre, cet influent italien de 53 ans est aussi secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats depuis 2015.

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