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Une ville flamande frontalière bannit le français de la mairie

A Menin, petite ville belge située à un jet de pierre de Lille, le français sera désormais remplacé par des pictogrammes ou la langue des signes pour les papiers administratifs. Un dessin de maison pour une attestation de domicile ou un drapeau pour un passeport.
Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Drapeau flamand pendant une conférence de presse de Geert Bourgeis, ministre régional chargé de l'intégration (22 septembre 2009). (AFP/Dirk Waem)

Menin, bien connue des promeneurs du dimanche venus de tout le nord de la France pourrait devenir un nouveau symbole de la guerre fratricide que se livrent Flamands et Wallons en Belgique. Cette petite bourgade tranquille compte de nombreux résidents français et partage même sa rue principale avec la ville française d'Halluin.

Pourtant, c'est une commune flamande où le néerlandais est la seule langue légale de l'administration. Depuis 1996, la loi belge stipule que les deux plus grandes régions doivent être «unilingues». Les communes situées en Flandre (nord) sont administrées en néerlandais et celles de wallonie (sud) en français. Les 19 communes de la région bruxelloise sont gérées dans les deux langues, tout comme certaines communes jouxtant la capitale ou logeant la frontière administrative entre la Flandre et la Wallonie.



Une loi qui plonge Menin dans une situation «kafkaïenne»
Malgré sa proximité avec la France et ses nombreux Francophones, la bourgmestre (maire) flamande du parti chrétien-démocrate de la ville, Martine Fournier, qui gère la municipalité avec le parti national Nouvelle Alliance Flamande (N-VA) a décidé d'appliquer strictement la loi. A partir du 1er janvier 2014, les fonctionnaires de son administration n'auront plus le droit de s'adresser en français aux personnes qui se présentent aux guichets sans connaissance du néerlandais.

«Certaines personnes habitent ici depuis des décennies et ne parlent toujours pas un mot de néerlandais. Il faut mettre en place des instruments pour éviter la francisation», a-t-elle expliqué le 5 septembre 2013 dans la presse belge. A Menin, il est fréquent que les fonctionnaires parlent le français pour aider les citoyens. Et le français est plutôt la règle que l'exception dans son administration. «Celà commence un peu à dépasser les bornes. A l'hôtel de ville, j'ai parfois l'impression qu'on y parle plus d'autres langues que la langue propre», souligne-elle.

Les fonctionnaires locaux, lorsqu'ils seront confrontés à des Francophones devront soit garder le silence, soit leur expliquer les démarches à suivre en leur montrant de images ou en s'exprimant dans le langage des signes. Une formation est déjà prévue, notamment pour éviter les risques d'agressivité dont ils pourraient faire l'objet de la part des Francophones. 

La mesure a reçu le soutien du ministre régional chargé de l'Intégration, Geert Bourgeois, qui l'a jugée «logique», en rappelant qu' à Lille, un citoyen flamand n'est jamais servi en néerlandais.

La Belgique est en proie depuis des décennies à des tensions entre Flamands et Francophones. Depuis le succès de la N-VA aux municipales d'octobre 2012, des élus ont pris plusieurs mesures administratives discriminatoires pour les Francophones. Friture grand Place, une baraque à frites à Courtrai, une ville située elle aussi près de la France, a dû changer de nom. Elle avait des tonalités bien trop françaises...

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