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Sylvie Goulard, pas nulle l'Europe

Certains noms ne vous seront pas inconnus, d’autres n’éveilleront sans doute rien en vous. Ils ne sont pas tous français, après tout ce Parlement est européen ! Une rapide fiche signalétique, un court portrait pas toujours totalement objectif et surtout trois questions : 1. Avez-vous l’impression d’être écouté, influent ? 2. Quelle est votre plus belle réussite ? 3. Votre plus beau flop ?
Article rédigé par Dominique Voegele
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min

les débats du Parlement n'interdisent pas le sourire (European Union 2014-EP)

Sylvie GOULARD
Née le 6 décembre 1964, Marseille
Mouvement Démocrate Groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe
Députée européenne depuis 2009

http://www.sylvie-goulard.eu/

Bon je vous l’accorde le coup du « pas nulle l’Europe » est franchement facile. Fine allusion au bouquin » l’Europe pour les nuls » que Sylvie Goulard a commis. Car si l’en est une qui est tombée dans la marmite européenne, c’est bien cette énarque, universitaire et arrivée en politique grâce à l’Europe. Elle a présidé le Mouvement européen en France, travaillé pour l’ancien président de la Commission européenne Romano Prodi, écrit avec Mario Monti un ouvrage sur la démocratie en Europe. Une Europe que cette militante du groupe Spinelli verrait sans aucun doute plus fédérale qu’intergouvernementale. Cette femme, l’une des rares françaises (ou français) à posséder plusieurs langues, est une vraie militante de l’Europe dont elle connait aussi bien les faiblesses que les arcanes. Et pour son engagement politique, elle choisira naturellement pourrait-on, dire le Centre. Des racines chrétiennes de l’Europe aux valeurs de démocratie et d’état de droit, la destination politique était toute tracée. Et Sylvie Goulard ne s’est pas contenté d’écrire, d’observer et de discourir. Elle a mis les mains dans le cambouis, avec plusieurs rapports très techniques à défaut d’être sexy sur les obligations dites de stabilité ou sur la surveillance budgétaire dans la zone euro.

 Pensez-vous avoir joué un rôle important lors de cette mandature ? Avoir été écouté ?
Au Parlement européen, on est considéré quand on joue un jeu collectif. Ayant été, tout au long de ma mandature, coordinateur du groupe ADLE pour les questions économique et monétaires, je crois avoir tenu toute ma place dans diverses équipes. - Les coordinateurs organisent le travail, répartissent les rapports, sont les porte-paroles, par défaut, de leur groupe. Ils sont l’interface avec les médias, les autres institutions, les secteurs concernés par la législation. La Commission ECON (économique et monétaire) a joué un rôle particulièrement important durant cette mandature. Nous avons adopté de nombreux textes réformant les règles de fonctionnement de la zone euro et encadrant la finance. - J’ai été moi-même membre de plusieurs équipes de rapporteurs sur des textes législatifs complexes : « 6 pack » et « 2 pack » réformant la gouvernance de la zone euro ; directive sur la solvabilité des assurances ; création des autorités de supervision des marchés, assurances et banques puis de l’autorité de supervision des banques rattachée à la BCE. J’ai également été en charge du rapport d’initiative du Parlement sur les eurobonds. En Commission agriculture et développement rural, je me suis donnée comme priorité la défense d’une viticulture de qualité ; nous sommes arrivés à préserver les droits de plantation

 2. Votre plus belle réussite, fierté, gros coup ?
J’ai mené une bataille très dure contre les ministres des finances et le Conseil européen pour éviter que le directoire de la BCE soit uniquement masculin. Avec des collègues des deux sexes, nous sommes arrivés à réunir un vote massif de la plénière du Parlement sur ce sujet. Désormais, deux femmes ont été désignées à des postes clés, du directoire et de la supervision bancaire. La BCE a pris des mesures internes pour promouvoir une plus grande diversité. C’est une question de justice vis-à-vis des jeunes femmes très bien formées dont la carrière est ralentie quand il s’agit d’accéder à des postes de responsabilité. C’est aussi une question de représentativité des institutions européennes : elles doivent ressembler à la société et non en être coupées

 Votre plus beau loupé, flop ?
Les responsables nationaux et européens tardent à prendre conscience des ravages de la montée des inégalités, de la pauvreté et de l’exclusion. Présidente de l’intergroupe de lutte contre l’extrême pauvreté depuis 2011, j’ai multiplié les initiatives : pour faire comprendre que les politiques de lutte contre la misère doivent impliquer les personnes démunies ; pour rendre les politiques économiques moins indifférentes aux conséquences sociales de la quête de compétitivité et, dans le même temps, mieux à même d’utiliser tous les talents ; faire venir au Parlement Européen, qui est la maison de tous, des exclus (une chorale nantaise de SDF a chanté dans l’hémicycle). Mais c’est un chantier sans fin, où il faut dépenser énormément d’énergie pour des résultats parfois décevants.

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