: Reportage "Nous devons moins tolérer l'achat de votes" : la Moldavie sort divisée du scrutin sur l'adhésion à l'UE et le choix du président
Une victoire amère en Moldavie. Le référendum sur l’adhésion à l’Union européenne est passé avec 50,4% de "oui". Dimanche 20 octobre se tenait aussi l’élection présidentielle, dont le premier tour a été remporté par la présidente pro-européenne Maia Sandu. Alors que le pays semble plus divisé que jamais sur la question de l’Europe, les autorités accusent des groupes criminels pro-russes d’avoir acheté des votes pour faire échouer le référendum.
Assise sur un banc dans le centre de Chisinau, la capitale moldave, Maria peine à cacher son émotion. La victoire du "oui" au référendum sur l’adhésion à l’Union européenne cristallise tous ses espoirs. "C’est oui. Et je suis heureuse pour ça, pour nos enfants, pour mes petits-enfants, pour le futur de notre pays, pour une vie meilleure, pour des emplois et pour que les jeunes reviennent au pays", se réjouit Maria.
"Une lutte difficile"
Mais pour beaucoup de Moldaves, il est difficile de célébrer la majorité de tout juste 50,4% des voix. La présidente pro-européenne Maia Sandu s’est exprimée dans l'après-midi de lundi : "Grâce à vous, chers Moldaves, nous avons gagné la première bataille d’une lutte difficile. Ce qui s’est passé hier et au cours des deux dernières années est un attentat sur notre démocratie et sur la liberté de notre peuple."
Les autorités moldaves dénoncent une ingérence russe, notamment par l’achat de 300 000 votes qui expliqueraient, selon elles, ce résultat très serré. Ces accusations n’étonnent pas Iulian, qui sirote son café près d’un kiosque à journaux. "Surtout dans les campagnes, les gens ont voté contre. Ils sont soumis à un lavage de cerveau, quelqu'un leur donne 400 lei et ils votent comme on leur dit, affirme-t-il. Nous devons nous défaire de ça et moins tolérer l’achat de votes."
Un bras de fer tendu en vue du second tour de la présidentielle
La bataille n’est pas terminée pour Maia Sandu, alors que le second tour du scrutin présidentiel est prévu le 3 novembre prochain. Le candidat socialiste Alexandr Stoianoglo, arrivé en seconde position, a boycotté le référendum. Il le voit comme une manœuvre politique pour maintenir Maia Sandu au pouvoir : "La partie la plus honteuse de ces élections est liée au référendum, divisant les électeurs entre les bons citoyens et ceux de seconde catégorie, simplement parce qu'ils pensent différemment." Le bras de fer s’annonce tendu entre Alexandr Stoianoglo et la présidente sortante. Plusieurs candidats non-qualifiés pour le second tour pourraient appeler à voter contre Maia Sandu.
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