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Pourquoi le torchon brûle entre Bruxelles et François Hollande

François Hollande a lancé mercredi que "la Commission [n'avait] pas à nous dicter ce que nous avons à faire". Le commissaire européen Olli Rehn a réagi ce vendredi.

Article rédigé par franceinfo avec Reuters
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François Hollande lors d'un sommet européen, le 22 mai 2013, à Bruxelles. (© FRANCOIS LENOIR / REUTERS / X01164)

Bras de fer entre la Commission européenne et François Hollande. Lors d'un séminaire à Helsinki, vendredi 31 mai, Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires monétaires, a réagi avec surprise aux critiques, émises par la France, sur les recommandations faites par la Commission sur les réformes économiques nécessaires au pays. Francetv info reprend le fil.

Acte 1 : Bruxelles donne ses exigences

Mercredi, la Commission européenne, par la voix de son président José Manuel Barroso, a exigé de la France des "réformes indispensables" en échange du délai de deux ans accordé pour ramener son déficit dans les clous des 3% européens. Parmi la dizaine de recommandations formulées par Bruxelles, on retrouve la limitation des dépenses publiques, une réforme du marché du travail, ainsi que l'amélioration de la compétitivité.

Mais la Commission a surtout insisté sur une réforme rapide du régime de retraites, note Le Figaro, suggérant "d'adapter les règles d'indexation, les âges minimums et de taux plein, la période de contribution et les régimes spéciaux, mais en évitant d'augmenter les contributions des employeurs aux régimes des ­retraites". Une consigne précise, mal digérée par Paris. 

Acte 2 : la réaction surprenante de François Hollande 

La réaction du chef de l'Etat ne s'est pas fait attendre et n'est pas passée inaperçue. "La Commission n'a pas à nous dicter ce que nous avons à faire. Elle a simplement à dire que la France doit rétablir ses comptes publics", a estimé François Hollande, en marge d'un déplacement dans l'Aveyron, jeudi. En ce qui "concerne les réformes structurelles, notamment les réformes de retraites, c'est à nous et à nous seuls de dire quel sera le bon chemin pour atteindre l'objectif", a encore insisté le président, balayant de la main les exigences de Bruxelles. Peu avant lui, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait déjà répondu :"Nous ferons les réformes à notre manière".

Par cette posture, l'exécutif chercher surtout à s'adresser à une opinion publique française de plus en plus eurospectique et à rassurer l'aile gauche du PS, note Europe 1. Selon un conseiller de l'Elysée, cité par la radio, "nous devons faire comprendre à l’opinion que si nous réformons, c’est parce que nous le décidons dans notre intérêt, et non parce que Bruxelles l’impose".

Acte 3 : la Commission stupéfaite

Ces déclarations virulentes ont en tout cas déplu au commissaire européen Olli Rehn, lequel s'est dit "stupéfait par la manière dont la France insiste un jour sur la nécessité d'un gouvernance économique de la zone euro et un autre jour critique la Commission pour les recommandations de bon sens qu'elle formule".

Selon le commissaire, la tonalité des échanges avec Paris était différente lors de sa récente rencontre avec François Hollande à Bruxelles. "J'avais l'impression qu'il s'était engagé à réformer l'économie du pays", a déclaré Olli Rehn. "Nous attendons que le gouvernement s'engage, au nom du peuple français, à réaliser des réformes qui restaurent la capacité d'accélération de l'économie", a-t-il poursuivi. Malgré ses déclarations, Olli Rehn a toutefois affirmé toujours faire confiance au président français et à son ministre de l'Économie et des Finances, Pierre Moscovici, pour engager des réformes structurelles.

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