Poutine parle de "croisade" en Libye : inadmissible, pour Medvedev
“Il est inadmissible d'employer des termes qui mènent au choc des civilisations, des expressions du genre 'croisade' ou autres. C'est inacceptable. Dans le cas contraire, tout peut se terminer d'une manière encore pire que la situation actuelle. Chacun doit le garder en tête”. Cette mise au point très ferme est signée du président russe, Dmitri Medvedev.
Ce qui donne tout son sel à cette déclaration, c'est que la personne qui a eu le malheur de parler de croisade est... son Premier ministre, un certain Vladimir Poutine. Qui a dénoncé la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU en ces termes : cette résolution, a-t-il dit, lui fait penser “à l'appel aux croisades à l'époque du Moyen-Âge”.
_ Et Poutine de développer son raisonnement : “à l'époque de Bill Clinton, on a bombardé la Yougoslavie et Belgrade, Bush a envoyé des troupes en Afghanistan, ensuite, sous de faux prétextes, on a envoyé des troupes en Irak. (...) Aujourd'hui, c'est au tour de la Libye. (...) Cela devient une tendance forte et une constante dans la (politique) des Etats-Unis.”
Pas vraiment politiquement correct, comme sortie... D'ailleurs, Medvedev a très rapidement réagi. Propos inacceptable et inadmissible, donc. Mais aussi - et c'est plus surprenant - défense de la résolution, du bout des doigts : “je considère que la résolution reflète notre interprétation de ce qui se passe en Libye, mais pas totalement. C'est pourquoi nous n'avons pas utilisé notre veto”.
Voilà pour la mise au point. Depuis, chacun s'interroge sur cette maladresse de Poutine, sur son degré de franchise. Et sur l'accès de colère de Medvedev.
_ C'est la première fois que le président dénigre à ce point, en public, son Premier ministre - dont il était auparavant le Premier ministre. Le fait que la présidentielle ait lieu l'an prochain en Russie n'est peut-être pas étranger à l'histoire...
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