Pays-Bas : un documentaire sur l'Islam crée la polémique

Geert Wilders est parvenu à créer l'inquiétude aux Pays-Bas avec un projet de film qui montrerait que le Coran est "un livre affreux et fasciste". Le chef du parti populiste PVV, qui marche sur les traces du leader populiste assassiné Pim Fortuyn, est coutumier des déclarations provocantes, surtout quand il s'agit de l'Islam. Au parlement, il a à plusieurs reprises demandé l'interdiction du Coran, le comparant à Mein Kampf d'Adolf Hitler, et l'arrêt de l'immigration des musulmans. A propos du film, dans lequel il brûlerait ou déchirerait le Coran, Geert Wilders n'a pas hésité à déclarer que si des musulmans se sentaient insultés, ce serait "dommage, mais ce n'est pas mon problème".

Alors que la diffusion est annoncée avant fin-janvier, nul ne sait encore si le projet annoncé verra le jour et le débat sur les limites de la fameuse tolérance néerlandaise est relancé. Une poignée de protestataires a manifesté samedi à Amsterdam, des maires ont dit leur réprobation, le grand mufti de Syrie a évoqué le sang qui pourrait couler, les patrons néerlandais se disent "préoccupés" et le gouvernement élaborerait un plan d'évacuation de ses ambassades et de ses ressortissants au Moyen-Orient.

La Haye redouterait une répétition de l'affaire des caricatures de Mahomet, publiées par un journal danois fin 2005. Les manifestations de protestation avaient fait une centaine de morts dans le monde, des ambassades danoises avaient été attaquées et des entreprises danoises boycottées. Et sur le plan intérieur, l'histoire rappelle l'assassinat en novembre 2004 du polémiste Theo van Gogh, poignardé à Amsterdam par un extrémiste islamiste après la diffusion d'un de ses films sur les femmes et l'Islam. De vives tensions inter-communautaires avaient suivi et certains leaders politiques avaient été mis sous haute protection policière, dont Geert Wilders.

Anne Jocteur Monrozier