Pavé dans la mare
Difficile de connaître la pensée profonde d’Henri Guaino sur l’Union européenne à travers ses déclarations dans la presse. Pour y arriver, il faut juste se rappeler qu’il fut longtemps le disciple de Philippe Séguin qui prôna le non au référendum sur le Traité de Maastricht. Je vous conseille de relire le discours que Philippe Séguin prononça le 5 mai 1992 à cette occasion devant l’Assemblée nationale.
Beaucoup de ses propos peuvent paraître aujourd’hui prémonitoires. Quoiqu'on en pense, ils façonnent la pensée d’Henri Guaino.
Plus facile de faire le tour des idées de Laurent Wauquiez puisqu’il vient de publier un livre sur la question. Il se lit très facilement car il est bourré d’exemples concrets sur son expérience de l’Union européenne. Lui, ministre des Affaires européennes, et Bruxelles. Lui, député de la Haute Loire, et Bruxelles. Lui, maire du Puy en Velay, et Bruxelles. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne fait pas dans la dentelle. Mais son constat pourrait être facilement partagé par Alain Lamassoure : Schengen est une passoire, la zone euro est déficiente, la Commission européenne est dogmatique et loin des réalités, les normes prennent peu à peu le pouvoir. Il n’y a pas plus de politique industrielle commune que de politique énergétique partagée. La stratégie diplomatique de l’Union est inexistante.
Seulement, la façon dont il balaie tout le travail de ces 5 dernières années ne peut que heurter ceux qui ont eu les deux mains dans le cambouis pendant la pire crise qu’on ait connu depuis 1929 et qui se sont décarcassés pour influencer la trajectoire de l’immense paquebot qu’est devenue l’Europe des 28. C’est le cas d’Alain Lamassoure (entre autres). C’est en cela que cet appel des 40 est injuste. Il est également étrange qu’ils le fassent en pleine campagne électorale au risque d’accroître cette impression d’immense capharnaüm qu’ont les Français à propos de l’Europe. La moindre des choses aurait été d’en parler dans le parti avant et d’établir un programme électoral en tenant compte des courants.
Il reste leurs préconisations. Elles sont dans l’ensemble jusqu’au-boutistes. Ainsi, par exemple, l’idée d’un noyau dur de 6 pays sans le Luxembourg. Pays fondateur de l’Union européenne mais puni car paradis fiscal. Iconoclaste pour les puristes.
Mais, face à un Schengen qui tourne en eau de boudin, une zone euro qui détient le record mondial de chômeurs, des pays qui se tirent la bourre quant à leur approvisionnement énergétique, n’est-il pas légitime de poser la question de savoir s’il ne faut pas cesser de vouloir réformer l’Union européenne à la marge ? S’il ne faut pas plutôt rebattre les cartes et jouer avec de nouvelles règles plus soucieuses du citoyen ?
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