Paris et Berlin ne veulent ni de la Bulgarie ni de la Roumanie dans l'espace Schengen
C'est la Commissaire européenne en charge de la Sécurité, Cécilia Malmström, qui a reçu la lettre ce matin. Signé par le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux et son homologue allemand Thomas de Maizière, le courrier insiste sur les carences de la Roumanie et de la Bulgarie en matière de lutte contre la corruption et contre la criminalité organisée. Paris et Berlin jugent donc "prématurée" l'entrée de ces deux pays dans l'espace Schengen.
Et cet avis de la France et de l'Allemagne est lourd de conséquences. En effet, l'entrée d'un nouveau pays dans l'espace de libre-circulation doit être décidée à l'unanimité par les pays membres. Si la France et l'Allemagne s'y opposent, la Roumanie et la Bulgarie seront purement et simplement refusés.
_ Les deux pays, qui envisageaient d'entrer dans l'espace Schengen en mars prochain, devront donc patienter.
Cela ne devrait pas arranger les relations déjà houleuses entre la France et les deux pays d'Europe de l'Est. L'été dernier, la reconduite à la frontière de milliers de Roms bulgares et roumains avait provoqué la polémique.
"Les conditions ne sont pas réunies"
Paris n'a d'ailleurs jamais montré un grand enthousiasme à l'idée d'intégrer Roumanie et Bulgarie à l'espace Schengen. "La Bulgarie et la Roumanie ont naturellement vocation à entrer dans
l'espace Schengen" mais les conditions "ne sont pas réunies aujourd'hui pour une
adhésion dès mars" avait fait valoir le porte-parole du Quai
d'Orsay, Bernard Valero, le mois dernier.
_ "Si ces deux pays rentrent dans le processus de Schengen" avait indiqué Nicolas Sarkozy en novembre, "ça veut dire qu'ils deviennent les gardiens des frontières de l'Europe, cela veut donc dire
que leurs problèmes frontaliers doivent être par ailleurs, a priori et avant
leur entrée dans Schengen, réglés", avait indiqué le chef de l'Etat en référence à la frontière entre la Roumanie et la Moldavie, jugée mal contrôlée.
Paris souhaite repousser toute décision à l'été 2011, après la publication par
Bruxelles du dernier rapport sur les progrès des deux pays, membres de l'UE depuis 2007.
"Un acte de discrimination"
Devant ce refus, la Roumanie et la Bulgarie ont réagi très différemment : Sofia estime "devoir faire
tous les efforts possibles, y compris dans les domaines de la société et du
système judiciaire, pour dissiper les doutes". Moins compréhensif, le président roumain Traian Basescu parle d'un "acte de discrimination" à l'égard de son pays.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.