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Où en est le modèle suédois ?

Le parti social démocrate suédois, qui a gouverné pratiquement sans discontinuer depuis 1928, a perdu en 2006 le pouvoir au profit de Fredrick Reinfeldt (centre-droit). Depuis lors, ce dernier détricote l'Etat-providence mis en place par ses prédécesseurs, tout en affirmant qu'il en est le garant.
Article rédigé par Jean-Claude Rongeras
France Télévisions
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Le Premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, le 2 mars 2012, à Bruxelles. (AFP PHOTO / POOL / FRANCOIS LENOIR)

Aux dires des politologues la social-démocratie a été inventée en Suède. Un programme qui se résume en trois grands points: l’Etat providence, un capitalisme des grande entreprises et un partenariat public-privé. La politique de redistribution est payée par la fiscalité qui pèse lourdement sur les contribuables. De nouveaux points sont cependant apparus dans le programme : soutien au féminisme et dénonciation de toute discrimination et du racisme.

Attaques contre la social-démocratie
Une première brèche dans le modèle suédois s’est produite à la fin des années 80 avec la crise économique. Avec, pour corollaire, endettement des ménages, crise immobilière, creusement du déficit. La couronne suédoise a été dévaluée pour relancer les exportations. En 1994, les fonctionnaires ont perdu la garantie de l’emploi, alors que les salaires les plus élevés ont été spécialement taxés.

Le second coup de tonnerre s’est produit en 2006 quand le parti social-démocrate (SAP) obtient son plus mauvais score électoral de l’histoire, avec 35% des voix aux législatives. L’opposition de centre-droit (Alliance pour la Suède), dirigée par Fredrik Reinfeldt, accède au pouvoir. Ce dernier infléchit peu à peu le dogme de l’Etat-providence. Pour cela, il promeut l’épanouissement individuel et la baisse les impôts.

Alors que le chômage atteint 7,5% de la population en 2011, le Premier ministre veut remettre la population au travail: «Plus les gens travailleront, plus on aura de richesse pour tous», affirme-t-il. Les sociaux démocrates, eux, auraient tendance, selon certains observateurs, à mettre les gens en pré-retraite.

Concurrence, nouveau credo
Le gouvernement met par ailleurs en place la concurrence : il favorise l’implantation de cliniques privées dans le cadre de la médecine de proximité et la privatisation des pharmacies. En matière d’éducation, il confirme la gratuité des études, mais les prêts accordés, qui doivent commencer à être remboursés quand les étudiants arrivent sur le marché du travail, seront conditionnés à leurs réussite aux examens.

Résultats des réformes : deux chômeurs sur trois ne sont pas indemnisés en raison du durcissement des règles. Les jeunes immigrés et les mères célibataires fréquentent trop sporadiquement le marché du travail pour pouvoir prétendre à des subsides.

 

Education: le bon exemple suédois

France 3, le 18 avril 2012

 

L'Etat-providence, derrière une vitrine ?
Aujourd’hui, l’Etat-providence se trouve amoindri. Le réformateur Reinfeldt n’y va pas par quatre chemins. Il indique «que le modèle suédois relève des choses qui ont plus leur place dans un musée».

Pour certains analystes, M.Reinfeldt, réélu en 2010, est le chantre d'«un libéralisme extrême», gommant les aspects collectifs de la société. Quant à son parti, il tombe parfois dans l’excès. La secrétaire générale du parti conservateur, Sofia Arkelsten, a ainsi été taxée de révisionnisme après avoir affirmé que les conservateurs s’étaient battus en faveur du droit de vote des femmes au début du 20e siècle, alors qu’ils y étaient opposés.

Le marketing politique est roi
Une sourde bataille existe entre la droite et les sociaux-démocrates pour savoir qui est désormais l’héritier du modèle-suédois. En 2006, le parti de Reinfeldt s’est transformé en Nouveau parti des travailleurs. Quant au parti social-démocrate, toujours en berne dans l’opinion, il a déposé en 2011 auprès de l’Agence nationale des brevets à Stockholm l’enregistrement du Modèle nordique. Pendant une décennie, personne ne pourra utiliser ce concept, à part les sociaux-démocrates.

Lors du congrès de mars 2011, ces mêmes sociaux-démocrates ont espéré relancer la machine en élisant Hakan Juholt, à la tête du parti. Mais ce dernier a été vite poussé vers la sortie notamment pour avoir touché indûment des allocations. Les sondages donnaient alors 23% au SAP.

La vieille ville de Stockolm (AFP/RABOUAN-FIORI/HEMIS.FR )

 

La situation économique bouscule les choses
Le gouvernement est réputé pour savoir tenir les cordons du budget : le déficit public et la dette sont limités grâce à la gestion du ministre de l’économie, Anders Lorg, une quasi-idole avec sa queue de cheval et sa boucle d'oreille. Cependant, avec la crise, le taux de chômage ne baisse pas. La croissance (4,2% en 2011) devrait être de 0,7% en 2012. Selon le patronat suédois, le gouvernement fait de l’immobilisme. Il prône pour une politique de relance.

De son côté, Fredrick Reinfeldt déclare être prêt à durcir les conditions de départ en retraite. Il souhaite que ses concitoyens puissent travailler jusqu’à 75 ans, quitte à changer d’orientation (actuellement l’âge de départ à la retraite a lieu entre 61 et 67 ans).

Première lueur d'espoir à gauche
Au même moment, le parti social-démocrate s’est choisi un nouveau dirigeant en la personne de Stefan Lofven. Dirigeant du syndicat IF Metal, cet ancien soudeur, fidèle du parti, pragmatique, inspire la confiance. Une nette hausse dans les sondages, en juin 2012, a ranimé l’espoir dans le camp social-démocrate.

 

 

 

 

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