Naufrage du Costa Concordia : doit-on encore laisser voguer des paquebots si gros ?
Après le choc des photos et du bilan encore incertain de son naufrage, la mésaventure du Costa Concordia soulève de nouvelles questions. La première, urgente : comment renflouer un tel monstre flottant ? L'engin, selon sa fiche technique, pèse 115.000 tonnes et affiche des mensurations impressionnantes : 300 m de long x 35 m de large x 20 m de haut. Dégager un tel bâtiment, accroché au récif, demande une grande minutie. Selon Pier Luigi Foschi, le patron de Costa Crociere, propriétaire du paquebot, il est question de l'extraire grâce de gros ballons... ou, le cas échéant, de le découper.
Avant même la fin des opérations de sauvetage -dans l'espoir de retrouver d'éventuels survivants-, deux équipes d'experts néerlandaise et américaine ont été mandatées pour sécuriser le bâtiment, et éviter que le carburant et le mobilier ne finissent au fond de l'eau. D'autant que le littoral entourant l'île de Giglio est une réserve naturelle protégée, et notamment un sanctuaire pour les baleines. Pour le maire de cette île toscane, ce bateau représente "une bombe écologique " au pied de ses falaises. Ses cuves contiendraient en effet un fuel lourd du même type que celui de l'Erika. Les garde-côtes ont par conséquent tapé du poing sur la table, exigeant de la compagnie Costa Crociere qu'elle "enlève l'épave du navire et évite ne serait-ce qu'une goutte de pétrole dans la mer ".
"Il faut arrêter de gérer ces navires comme s'il s'agissait de simples vaporetti"
Certes, ce paquebot haut comme un immeuble de 10 étages n'avait rien à faire là. Il se serait écarté de sa route de trois milles nautiques, soit environ cinq kilomètres. Mais si l'on pointe désormais l'inconséquence du commandant, le ministre de l'Environnement italien va plus loin : "Ca suffit, il faut arrêter de gérer ces navires comme s'il s'agissait de simples vaporetti " [les bateaux de Venises, ndlr], a-t-il déclaré, en rappelant ce matin dans La Stampa que des règles et limites existent.
Des règles néanmoins insuffisantes, pour les écologistes. Un comité notamment se bat contre l'entrée de ces impressionnants paquebots dans la lagune de Venise. L'association Marevivo voudrait elle les bannir définitivement de nombreuses zones maritimes, comme en France le détroit de Bonifaccio. Certains enfin souhaiterait ne plus en voir un seul dans le sanctuaire des cétacées, qui forme un vaste triangle entre Côte d'Azur, Corse et Toscane.
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