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Mort de l'ancien oligarque russe Boris Berezovski, exilé au Royaume-Uni

Âgé de 67 ans, il était devenu une figure de l'opposition russe. Il a fini sa vie ruiné, après avoir été dépossédé de ses biens par la justice russe.

Article rédigé par Alban Mikoczy, Ariane Nicolas
France Télévisions
Publié Mis à jour
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L'ancien oligarque russe Boris Bezerovski, le 19 décembre 2011 à Londres (Russie). (OLIVIA HARRIS / REUTERS / X02875)

Il était l'un des oligarques russes les plus détestés du Kremlin. Boris Berezovski, homme d'affaires russe autrefois proche du pouvoir, a été retrouvé mort samedi 23 mars à son domicile d'Ascot, près de Londres, rapporte Andreï Sidelnikov, figure de l'opposition. "C'est la fin d'une époque", a-t-il déclaré à Reuters. Âgé de 67 ans, Berezovski s'était exilé en Grande-Bretagne fin 2000, moins d'un an après la première élection de Poutine comme président. Depuis, il n'a eu de cesse de critiquer son exercice du pouvoir.

Boris Berezovski connaît une ascension fulgurante dans les années 90. En pleine période de privatisation sauvage des entreprises publiques russes, il construit une partie de sa fortune dans les médias. Celle-ci est alors estimée à 2,5 milliards d'euros. Très proche du président Boris Eltsine, il fait tout pour que Vladimir Poutine se présente comme son successeur, à la fin des années 1990. "Il est vraiment un de ceux qui a fait Poutine", explique Alban Mikoczy, correspondant pour France 2 à Moscou. "Il le prenait pour un homme intelligent, plutôt ouvert sur l'économie capitaliste et d'un sang froid absolu".

Poutine, un "dangereux criminel"

Mais très vite, les relations entre les deux hommes se dégradent. "Berezovski, qui dirige des médias puissants, veut faire de Poutine sa marionnette, mais ça se passe très mal", commente Alban Mikoczy. Dès 2000, année de l'élection de Poutine, Berezovski s'oppose à une reforme que le nouveau président engage, qui prévoit que les gouverneurs soient nommés et non plus élus. En août, l'affaire du sous-marin Koursk empoisonne un peu plus les relations entre eux, certains médias critiquant très sévèrement Poutine. En octobre, ce dernier annonce qu'il n'acceptera plus les critiques des médias. Le 7 novembre, Berezovski s'exile à Londres.

Depuis la capitale londonienne, il rédige de nombreux articles dénonçant "l'absence de société civile russe" et l'autoritarisme de l'exécutif, n'hésitant pas à qualifier le pays de "république bananière" et son chef de "dangereux criminel". Pendant ce temps, la justice russe le dépossède peu à peu de toutes ses activités, mais Londres refusera toujours de l'extrader. "Si Berezovski n'avait pas quitté le pays, il aurait sûrement connu le même sort qu'un autre oligarque russe, Mikhaïl Khodorkovski, condamné à 14 ans de prison", analyse Alban Mikoczy. 

Le dernier procès de Boris Berezovski remonte à août 2012. La justice le condamne par contumace à plusieurs millions de roubles d'amendes. Contraint de vendre ses collections d'œuvres d'art et de voitures, Berezovski finit sa vie presque ruiné.

Comment est-il mort ?

Il serait mort dans son bain, samedi. Mais déjà, sa mort suscite des interrogations. Plusieurs sources ont évoqué un probable suicide. "On m'a téléphoné de Londres pour me dire que Berezovski s'est suicidé", a ainsi annoncé l'avocat russe de Berezovski à la télévision Rossia 24, sans pour autant préciser qui lui avait donné cette information. "Non, il ne s'agit pas de ça ! Personne ne sait ce qui s'est passé. Il n'y a aucun signe apparent de suicide, pas de trace de piqûre ou d'absorption de médicament", a objecté à l'agence RIA Novosti, un ami du défunt, l'homme d'affaires Demian Kudriavtsev. Une autre source citée par l'agence russe a avancé la thèse d'un infarctus.

Pour la police britannique qui a dépêché des experts scientifiques à la maison du milliardaire : "Sa mort est actuellement considérée comme inexpliquée et une enquête exhaustive est en cours".

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