Mikhaïl Kalachnikov, l'inventeur de la kalachnikov, est mort
Il était âgé de 94 ans et avait été hospitalisé cet été.
Il a inventé le fusil d'assaut le plus populaire au monde, mais il n'avait pas un sou. Le Russe Mikhaïl Kalachnikov, inventeur de l'AK-47, plus connu sous le nom de "kalachnikov", est mort lundi 23 décembre, rapportent des agences russes. Il était âgé de 94 ans et avait été hospitalisé cet été.
Qui était Mikhaïl Kalachnikov ?
D'après un portrait de la BBC, Mikhaïl Kalachnikov naît dans une famille nombreuse (18 enfants) de paysans pauvres, en Sibérie, dans le Sud-Est de la Russie, en 1919. En 1930, il est déporté avec sa famille dans la région de Tomsk, explique Le Monde. Les conditions de vie sont très dures dans son kolkhoze (une ferme collective).
Inventeur autodidacte, il est enrôlé dans l'armée pendant la seconde guerre mondiale. Rattaché à une division de chars, il invente d'abord un système permettant de compter le nombre de munitions tirées par la mitrailleuse. Blessé en 1941, il est évacué.
Son célèbre fusil d'assaut, le modèle Avtomat Kalshnikova, voit le jour en 1947, ce qui lui vaut l'abréviation d'AK-47. L'armée rouge en est dotée deux ans plus tard. Aujourd'hui, on estime qu'il y a 100 millions d'AK-47 en circulation dans le monde et qu'il est en service dans 80 armées.
D'après l'agence russe Ria Novosti, Mikhaïl Kalachnikov était "l'homme le plus décoré de la Russie". A lui seul, il a créé à peu près 150 armes diverses.
Le constructeur avait confié à l'AFP en 2000 être très affecté par la fin de l'URSS et il n'hésitait pas à défendre le système communiste "où tout n'était pas si mauvais".
Pourquoi un tel succès pour son fusil ?
Le fusil AK-47 est "extrêmement simple, fait pour un soldat qui n'a pas de diplômes", a expliqué son inventeur. Robuste (elle survit à tous les climats, on peut même tirer sous l'eau), fiable, simple d'utilisation, et surtout pas chère, l'arme connaît un immense succès. La "kalach" vaut à son inventeur le respect de tous les spécialistes. Uzi Gal, l'inventeur israélien de la mitraillette Uzi (mort en 2002), avait confié à Kalachnikov : "Vous êtes un constructeur inégalé et le plus compétent."
Dans les conflits africains, on surnomme parfois l'arme "corne de gazelle", en raison de son chargeur recourbé, écrit Slate Afrique. Elle est souvent copiée et, selon l'inventeur lui-même, "la moitié sinon plus (des kalachnikov produites) sont des armes fabriquées en contrebande". Rebelles et guérilléros l'apprécient car elle ne nécessite pas vraiment de formation. "Son imprécision relative n'a guère d'importance dans les combats rapprochés, les affrontements de rues et les embuscades, qui sont les situations où l'arme est la plus souvent utilisée", explique Slate Afrique. Son expansion est telle, qu'elle a "réécrit les règles de la guerre moderne", écrivait Wired (en anglais). Signe encore de son influence, elle figure sur les armoiries de six pays.
En Europe aussi, l'arme fait florès. En France, après des braquages ou des règlements de compte, il n'est pas rare de retrouver sur le sol des douilles de 7,62 mm, le calibre de la kalachnikov. Importé d'ex-Yougoslavie ou d'anciens pays du bloc de l'Est, le fusil se négocierait entre 2 000 et 2 500 euros, selon BFMTV.
Qu'en pensait son inventeur ?
A-t-il des remords ? Dans un entretien à l'agence Reuters, il disait : "Je ne l'ai pas mis dans les mains des bandits et des terroristes et ce n'est pas ma faute si elle a explosé de manière incontrôlée à travers le monde".
Petit homme soigné aux yeux bleus, l'ingénieur Kalachnikov s'est toujours vanté de ses compétences manuelles. "De toute ma vie, je n'ai jamais appelé un serrurier ou un électricien", disait ce passionné de pêche, qui à 90 ans assurait encore aller quatre jours par semaine au travail à l'usine Ijmach qui produit les armes portant son nom.
Son fils Viktor a suivi ses traces et mis au point le pistolet-mitrailleur Bizon-2, utilisé par la police russe. "Mon père et moi aurions pu devenir millionnaires, comme l'inventeur américain du Mi-16 Eugene Stoner qui touchait un dollar sur chaque fusil vendu", estime Viktor Kalachnikov. "Mais le système russe ne le permet pas." La Russie, grande exportatrice d'armes, n'a pas fait faire reconnaître le droit de Kalachnikov à la propriété intellectuelle. Le nom "Kalachnikov" est aujourd'hui une marque qui se décline sous diverses formes : des parapluies, aux couteaux, en passant par une vodka.
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