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Vidéo "Qu'on sauve l'âme de ces enfants !" : le chaos après l'incendie du camp de réfugiés de Moria, en Grèce

À Lesbos, en Grèce, la situation est chaotique après l'incendie du camp de Moria. Des milliers de migrants sont sans refuge. La violence et la colère se répandent sur l'île. 

Article rédigé par franceinfo - Marie-Pierre Vérot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des milliers de migrants vivent désormais au bord des routes de l'île de Lesbos. (MARIE-PIERRE VÉROT / RADIO FRANCE)

À l'abri d'un muret à même le bitume, sous un soleil de plomb, dans la poussière d'un champ écrasé par la chaleur dès le matin, mais battu par les vents quand le soir tombe, la misère du camp de Moria s'est répandue à ciel ouvert. Des milliers de réfugiés n'ont plus aucun abri après l'incendie qui a ravagé le camp dans la nuit du mardi 8 au mercredi 9 septembre. 

Partout, la désolation

Les routes qui descendent vers le port de Mytilène débordent d'enfants. Familles, bébés, jeunes gens, s'entassent dans le plus grand dénuement sur un bout de carton, sous une bâche en plastique, une toile de tente ou dans une cabane de fortune faite de roseaux. Partout, la même désolation que résume un réfugié, épuisé. Il est arrivé d'Afghanistan il y a de longs mois : "Nous ne savons pas où aller. Nous sommes en famille avec beaucoup d'enfants. Il n'y a rien à manger. Ils ont soif. Tout a été détruit."

Un enfant brandit un carton. Il est écrit en allemand : "J'ai fui la guerre, mais maintenant, je suis en danger à Moria. Sauvez-moi s'il vous plaît." Les camions de l'armée grecque bloquent l'accès à la capitale de l'île. La route vers l'ancien camp de Moria est, elle, bloquée par des résidents en colère qui ne veulent plus de réfugiés. Le chaos domine. Un monsieur se précipite, son fils est devenu fou et a tenté de le poignarder. Plus loin, une famille congolaise apparaît, poussant une poubelle chargée de quelques effets sauvés des flammes. "On dort comme ça avec les petits enfants, avec les bébés de deux semaines, racontent des membres de cette famille. Nous attendons la réaction de l'Union européenne. Qu'on sauve l'âme de ces enfants qui sont là ! Qu'on sauve aussi mon âme."

La colère gronde

Partout, la même fatigue dans les yeux et un même cri. Que l'on soit jeune ou vieux, Afghan, Congolais, Somalien ou Syrien, la demande est la même : quitter cette île devenue une prison. Quelques Afghans improvisent une manifestation. Ils crient "Liberté !" Une jeune femme enceinte s'effondre en larmes. "Ce n'est pas de la nourriture que nous voulons, crie-t-elle. Je ne vous demande pas d'eau. Je ne veux juste plus vivre ici. Nous voulons partir, il y a trop de problèmes en Grèce."

Il ne reste rien du camp de Moria, sur l'île de grecque de Lesbos. (MARIE-PIERRE VÉROT / RADIO FRANCE)

La majorité des réfugiés ne veut plus d'un camp, quelle qu'en soit la nature, et a encore manifesté le week-end du 12 septembre, essuyant des tirs de gaz lacrymogènes.

À quelques kilomètres, l'armée grecque érige en effet des tentes, le gouvernement a promis un camp fermé. Sans doute la pire des solutions pour Sayed, il a vécu l'enfer de Moria et travaille désormais pour une ONG. Il a un message pour les dirigeants de l'Union européenne : "Si vous ne voulez pas intégrer ces réfugiés, dites-le clairement. C'est le moins que vous puissiez faire, pour être au moins honnêtes avec vous-même. Parce qu'enfermer les gens dans un camp, ce n'est pas une bonne solution. Chaque fois que vous le ferez, cela reviendra comme un boomerang. Chaque fois que vous restreindrez leurs droits vous les mettrez sous pression." L'Europe, conclut-il, en paiera le prix.

Le désespoir des réfugiés à Lesbos : écoutez le reportage de Marie-Pierre Vérot

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