Tunisie : le sort des migrants montre "l'inhumanité qui s'installe progressivement, y compris en France", dénonce la Fédération des acteurs de la solidarité
"C'est ce qui nous guette, Français et Européens, si nous ne changeons pas d'attitude et de comportement", se révolte mercredi 9 août sur France Inter Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, alors que les autorités tunisiennes sont accusées d'avoir abandonné dans une zone désertique à la frontière libyenne des centaines d'exilés d'Afrique subsaharienne, dont plusieurs sont morts assoiffés.
Pascal Brice juge "intolérable et insupportable" cette situation, notamment à Sfax, épicentre de l'émigration vers l'Europe : "Regardez ce que des hommes et des femmes deviennent lorsqu'on laisse à l'abandon ces questions-là et lorsqu'il s'agit d'hommes et de femmes dans la misère", insiste l'ancien patron de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides.
Pascal Brice alerte sur "cette inhumanité qui s'installe progressivement, y compris en France", même si "la France est une terre d'accueil". "On est dans l'indifférence et le silence quand des hommes et des femmes meurent dans ces conditions-là", déplore-t-il. Le président de la Fédération des acteurs de la solidarité regrette également qu'on "stigmatise et qu'on instrumentalise la présence des étrangers parce qu'on est dans la difficulté sociale, économique".
"Sortir du silence et de l'aveuglement"
Il pointe ainsi du doigt "l'indifférence qui s'installe" et "l'instrumentalisation du président tunisien" Kaïs Saïed. Pascal Brice évoque notamment un discours tenu en février et lors duquel Kais Saied dénonçait l'arrivée de "hordes de migrants clandestins" qui, selon lui, "changent la composition démographique" du pays. Pour le président de la Fédération des acteurs de la solidarité, ces propos "instrumentalisent des fragilités identitaires, sociales et politiques. Elles trouvent un écho dans la société tunisienne, comme dans la société française et européenne. Il est temps, il est possible et il est indispensable qu'on cesse de banaliser ce type de comportement et de propos", soutient-il.
Pascal Brice rappelle que les mouvements migratoires "ne sont pas constitutifs d'une invasion". Il plaide pour "organiser et maîtriser la migration" sans quoi, prévient-il, "nous aurons des drames humains en Méditerranée et parce que cela provoque des réactions extrêmement préjudiciables en Europe". Pour le patron de la Fédération des acteurs de la solidarité les pays européens doivent "aider les pays en transit, comme la Tunisie", tout en étant "dans la confrontation très claire sur ce type de comportements et de discours. Il faut continuer l'aide à ces pays de transit, mais en aucun cas faire de l'Europe une forteresse complète qui confierait sa politique migratoire" à d'autres pays, assure Pascal Brice. Il appelle l'Europe et la France à sortir "du silence et de l'aveuglement".
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