Réfugiés afghans : "Ce n'est qu'une infime partie d'entre eux qui va arriver en France", assure un géographe
D'après Olivier Clochard, chargé de recherche au CNRS, la proportion des réfugiés Afghans qui arrivera en France dans les mois à venir est très faible par rapport au nombre total de ces réfugiés.
Les Nations unies ont indiqué vendredi s'attendre à jusqu'à un demi-million de réfugiés afghans supplémentaires en 2021, dans le pire des scénarios, après la prise de pouvoir des talibans à Kaboul il y a dix jours. "Ce n'est qu'une infime partie d'entre eux qui va arriver en France", a expliqué ce vendredi, sur franceinfo, le géographe Olivier Clochard, chargé de recherche au CNRS. "Ils vont d'abord aller dans les pays voisins, comme l'Iran ou le Pakistan", a-t-il ajouté.
franceinfo : A-t-on une idée des pays où vont aller ces 500 000 réfugiés afghans potentiels ?
Olivier Clochard : Ils vont d'abord aller dans les pays voisins, qui sont des pays qui déjà accueillent beaucoup de réfugiés afghans, comme l'Iran ou le Pakistan. Selon les dernières statistiques des Nations unies, on a près de 1,3 million d'Afghans présents sur le territoire de l'Iran. Ils sont 1,5 million au Pakistan, sans compter toutes les personnes qui sont en situation irrégulière sur ces deux pays. Après, très loin derrière, vient l'Arabie saoudite, où on a près de 500 000 Afghans. Et donc, contrairement aux différentes déclarations de responsables politiques, l'Union européenne est loin d'être la destination la plus concernée par ces flux migratoires en provenance d'Afghanistan.
La France n'est pas un objectif en général pour ces Afghans ?
Migrer demande des moyens, soit de manière irrégulière, soit de manière régulière, et donc, en conséquence, non. Ce n'est qu'une infime partie des Afghans qui vont arriver en France et c'est important de le rappeler. Au sein même de l'Union européenne, la France se situe en 4e ou 5e position, selon les années. Les Afghans ont plutôt tendance à aller vers le Royaume-Uni, vers certains pays scandinaves, voire l'Allemagne. La France est loin d'être la première.
" Les Afghans ont plutôt tendance à aller vers le Royaume-Uni, vers certains pays scandinaves, voire l'Allemagne. La France est loin d'être la première"
Olivier Clochardà franceinfo
Lorsqu'on a entendu le président de la République française, dans son allocution du 16 août dernier, dire que l'Europe ne doit pas être seule à assumer les conséquences de la situation actuelle, ça donne l'impression que les personnes originaires d'Afghanistan vont se ruer vers l'Union européenne. En réalité, il n'en est rien. Certes, nous allons en accueillir une partie et je pense qu'au regard de la situation géopolitique et économique des pays de l'OCDE, nous sommes tout à fait en capacité de pouvoir accueillir ces personnes-là.
Cette vague migratoire pointée par les Nations Unies peut-elle perturber un certain équilibre dans la région ?
Forcément, cela perturbe des équilibres parce que effectivement, cela demande des moyens et des moyens qui tardent à arriver. On est toujours aussi souvent dans l'idée d'aller dans une certaine forme d'urgence en pensant que les personnes vont repartir un jour. Or, il faut bien penser que la plupart de ces gens-là ont tout perdu et qu'en conséquence, ce qu'ils vont chercher, c'est à reconstruire une vie. Beaucoup d'entre eux ne vont sûrement pas retourner en Afghanistan parce qu'il y a des liens qui vont se créer.
Il faut en être conscient, mais ce n'est pas pour autant que je dirais que ça va conduire les pays européens, et notamment les pays riches, à être déstabilisés par l'arrivée de quelques milliers de personnes en provenance d'Afghanistan.
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