Loi sur l'immigration : le Secours catholique ne se fait "pas trop d'illusions" sur le niveau du dialogue avec le gouvernement
Les associations d’aide aux migrants rencontrent jeudi le Premier ministre Edouard Philippe. "On y va surtout pour être informé", a expliqué jeudi sur franceinfo Laurent Giovannoni, du Secours catholique.
Le Premier ministre, Edouard Philippe tiend une réunion, jeudi 11 janvier, avec les associations d’aide aux migrants pour aborder la politique d’asile et d’immigration. Une réunion à laquelle les associations se rendent sans trop d'espoir, alors que Médecins sans frontières, par exemple, a décidé de la boycotter. "On ne se fait pas trop d'illusions sur le niveau du dialogue. Ce ne sera pas forcément une consultation", a réagi sur franceinfo jeudi Laurent Giovannoni, responsable accueil et droits des étrangers du Secours catholique.
"Un gouffre" entre la présentation du texte et la réalité
"On y va surtout pour être informé d'un projet dont on a reçu [mercredi] les principales mesures et qui ressemble malheureusement comme deux gouttes d'eau à ce qui nous a été dit il y a trois mois." Le projet de loi asile et immigration inquiète les associations parce qu'il "y a un gouffre entre la présentation qui est faite en termes de communication gouvernementale d'un texte équilibré et les mesures qui, dans leur ensemble, vont toutes dans un sens de restriction des droits et de fragilisation de la protection des personnes."
Mercredi 10 janvier, 26 associations actives dans l'hébergement et l'aide aux étrangers (dont la Fédération des acteurs de la solidarité, Emmaüs, le Secours catholique, Médecins sans frontières, la Fondation Abbé Pierre...) ont annoncé qu'elles allaient saisir le juge des référés du Conseil d'Etat pour obtenir la suspension de la circulaire du 12 décembre 2017 organisant le recensement des migrants dans les centres d'hébergement d'urgence, qu'elles dénoncent comme un "tri".
Une vision "dépassée" et "très binaire" des migrations
"S'il y a une telle incompréhension au niveau de cette circulaire, le mieux c'est de la reprendre et de la réécrire pour lever les ambiguïtés, explique Laurent Giovannoni. Ce qui revient à l'abandonner ou à la modifier. C'est ce que nous avons dit au Premier ministre en décembre. Il écoute, mais il n'entend pas."
Pour Laurent Giovannoni, ce projet de loi "est une vision dépassée, très binaire". Selon lui, dire que d’un côté il y a "les réfugiés et de l'autre les migrants économiques, ne correspond pas à la réalité". Les migrations aujourd'hui "sont beaucoup plus diverses. Il faut différencier les différentes causes de migrations et les différents besoins des personnes" a-t-il ajouté avant de conclure : "Ce projet est un projet du passé. On a l'impression de revoir la lecture de Nicolas Sarkozy, il y a 15 ans".
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